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Relizane

Écrit par Marc Monnet. Associe a la categorie Oranie




Dans les environs de Relizane fut tourné l'un des rares films consacrés à la vie d'un village d'Algérie créé au XIX° siècle, « La soif des hommes ». Le choix de l'endroit est symbolique, les Oranais ne désignèrent-ils pas longtemps Relizane communément sous le nom de Cayenne ? Mais si les débuts de la localité furent pénibles, un siècle plus tard Relizane sera un des joyaux de l'héritage pied-noir transmis à l'Algérie.

Le 24 janvier 1857, autour d'une véritable ceinture de marais naît Relizane. Les premiers pionniers vinrent du département du Gard, plus précisément de l'arrondissement du Vigan où on assista à un véritable enthousiasme à la suite de publicité par voie d'affiches. Cet afflux important de gardois fut suivi d'une imposante immigration espagnole de la région de Valence attirée par l'eau des irrigations. L'apport hispanique fut considérable, il représente plus de 70 % de la population européenne en 1906 et tout l'ouest de l’agglomération forma « le village espagnol »...

L'ami de la France le khalifa Sidi El Aribi descendant d'une des plus anciennes familles d'Algérie, de noblesse à la fois religieuse et militaire, demanda un lot de terrain pour vivre au milieu des pionniers gardois et espagnols ; c'est le plus illustre concessionnaire de Relizane avec le vicomte d'Armagnac.

Relizane est une ville « sans complexes », entièrement ouverte, n'ayant ni mur d'enceinte ou réduit, ni garnison. Bien tracée, elle possède des places spacieuses et de larges avenues bordées de ficus. Elle se spécialisa d'abord dans la culture des céréales ; en 1912 fut créée la semoulerie A. Skalli, la première en Algérie à faire appel à des techniciens suisses. En 1927 s'élevèrent les docks et silos coopératifs de Relizane capables de stocker trente mille tonnes de blé et depuis 1930 se dressent la silhouette moderne des moulins Esclapez pouvant triturer sept cents quintaux de grains pas jour. A partir de la guerre d'Espagne, les agrumes à fort bénéfice brut à l'hectare, véritable indice de santé agricole, prennent de l'expansion autour de Relizane...

Cette localité possédait un bon système de crédit comme les villages pionniers de la prairie américaine ou canadienne, ce qui est peu fréquent en Algérie. En effet Relizane offre un des rares exemples de banque locale algérienne qui se maintint sans discontinuer pendant trois quarts de siècle, il s'agit du Comptoir d'Escompte de Relizane fondée en 1880.

Ce gros centre agricole a connu une presse locale importante dont les collections sont pleines d'intérêt pour l'historien des centres pionniers pieds-noirs, partie de l'histoire algérienne, impossible à gommer. Cinq périodiques ont vu le jour à Relizane, du plus ancien au plus jeune voici ces titres : « Le Réveil de Relizane », « L'Echo de la Mina », « le Petit Relizanais », « L'Avenir de Relizane », « L'Indépendant Relizanais ».

Durant l'été 1865 le feu, du fait de l'extrême ardeur du soleil, ravagea la ville et consuma même « les croix du cimetière ». Près d'un siècle plus tard « les feux du désespoir » de l'été 1962 vidèrent les artères relizanaises de ses enfants hispano-gardois...

Marc Monet
(Titres et légendes de Jean Couranjou)

In l’Algérianiste n° 58 de juin 1992

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