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Vauban, le Village du Paradoxe

Écrit par Marc Monnet. Associe a la categorie Algérois


Carte Vauban Algerie
En mai 1957 un des trente villages pionniers de la malheureuse vallée du Chélif est détruit à la suite d'un raid des rebelles, l'église est incendiée. Ce centre portait le nom du plus grand constructeur de fortifications de notre histoire : Vauban. Paradoxalement Vauban* n'avait pas d'enceinte ni de réduits, au contraire de son voisin Oued Fodda par exemple.

Vauban fut créé, sous la IIIe République, en 1878 pour trente feux. Il présente le cas très particulier d'un village double, ses composants sont deux rectangles séparés par 325 mètres, l'un occupe un petit plateau d'une hauteur relative de 15 mètres, l'autre s'étend dans la plaine, le long de la route Alger-Oran. Le regard de l'historien est attiré surtout par un édifice à visage multiple une école-église-mairie (!), et par une propriété de 15 hectares enclavée dans les concessions des pionniers et appartenant à l'archevêque d'Alger.

Contrairement aux autres villages chélifiens, à l'exception de Relizane, mais c'est déjà une petite ville, la majorité de la population européenne de Vauban est originaire d'Espagne (60 % en 1901). Ses habitants durent lutter contre le manque d'eau, ils écrivent dans le journal « Le Chéliff » de juillet 1883 « de l'eau, de l'eau, rien que de l'eau » les puits au nombre de douze en 1879 passent à vingt en 1896. Après la bataille gagnée contre la sécheresse ce fut celle remportée sur le paludisme ; si en 1922 Vauban est encore de très loin le village le plus malsain des plaines du Chelif, avec un indice splénique de 57 % (!), rappelons que le seuil de danger est 10 %, en 1939 son indice n'a plus qu'un chiffre.

Fortifié par tous ces défis, ce petit centre céréalier devint un pôle de développement très actif dans la vallée du Chélif, dès 1900 Vauban possède à lui seul une quinzaine de moissonneuses !

Mais son expansion allait être arrêtée net durant les années cinquante. En septembre 1954 à la suite du catastrophique séisme d'Orléansville, la cité voisine, les sources chaudes de Vauban disparurent et moins de trois ans plus tard Vauban allait mourir.

Marc MONNET

* Vauban fait partie de la commune de Oued Fodda.

In l’Algérianiste n° 59 de septembre 1992

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