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Les liaisons postales maritimes Algérie - Métropole

Écrit par J. Del Matto. Associe a la categorie Voies de Communication

1re PERIODE : 1833-1879 (suite)

Pendant la période que nous venons de retracer du courrier a été également transporté par des bateaux de commerce dont les capitaines étaient tenus, lors des escales, de se rendre aux bureaux de poste pour remettre ou retirer la correspondance en provenance ou à destination des autres ports sur leur trajet.

Ces lettres n'étaient pas frappées par les cachets propres aux lignes maritimes mais toujours à l'arrivée, par d'autres.

Parmi celles que nous connaissons, nous en signalons deux de 1838 portant à l'arrivée le cachet PAYS D'OUTRE-MER/PAR COLLIOURE et la griffe PURIFIE/A/ PORT VENDRES au départ l'une porte le cachet BONE/ POSS. D'AFR. et l'autre CONSTANTINE POSS. D'AFR. Une autre lettre, provenant de La Réunion, est frappée à l'arrivée à Alger par COLONIES FRS./ALGER. Deux lettres arrivées à Oran portent COLONIES FRA./ORAN ; l'une d'elles est de 1850, l'autre a le timbre oblitéré par le gros chiffre 5051. Une autre encore, venant de Cette et adressée à Oran a été déposée à Mostaganem qui a oblitéré le timbre par son gros chiffre 5048 ; on trouve également d'autres lettres de Marseile arrivées à Mostaganem avec la même oblitération.

 

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En dehors des cachets postaux il faut signaler la présence de griffes linéaires utilisées par certains armateurs de bateaux de commerce ayant assuré le transport du courrier, la plus connue est celle de l'armement Broude de Bône apposée entre 1859 et 1864 par son bateau portant 1e nom de cette ville : la griffe VILLE DE BONE a été utilisée sur le courrier remis directement au bateau à Marseille lors de son départ ; celle VAPEUR/VILLE DE BONE/MARSEILLE sur celui confié à l'agence dans ce port ; VAPEUR VILLE DE B0NE/BONE a été apposée dans le bureau de compagnie de cette ville et à 1 arrivée à Marseille les services postaux ont apposé le cachet réglementaire PHILIPPEVILLE/BAT. A VAP. et oblitéré le timbre par le petit chiffre 1896. Enfin, VAPEUR/VILLE DE BONE/PHIIPPEVILLE a été apposé par l'agent de la compagnie dans ce port.

D'autres bateaux ont également apposé leurs propres griffes : MAROCAIN, NUMIDIE, GIRONDE, PROVINCE D'ALGER, PROTIS.

 

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B) LIGNES COTIERES

Le 14 septembre 1835, deux liaisons de cabotage ont été, créées en partant d'Alger : l'une vers Oran et l'autre vers Bône, ces liaisons sont assurées par les avisos de la Marine de guerre le même jour de l'arrivée à Alger du courrier venant de France ; des plis pouvaient être remis directement au commissaire de bord.

A partir de 1866 le service est assuré par les Messageries maritimes impériales.

1. Ligne de l'Ouest

Escales : Cherchell, Ténes, Mostaganem, Arzew et Oran.

Bien que la ligne ait commencé à fonctionner en 1835, ce n'est que quelques années plus tard que l'on voit apparaître les premières lettres.

Le cachet à l'aller porte la mention BAT. A VAP./ALGER - ORAN et est le même pour toutes les escales et, au retour BAT. A VAP./ORAN/ALGER.

A partir de 1864 on rencontre des lettres remises à Cette à des bateaux de commerce faisant escale à Mostaganem et destinées à Oran, les timbres sont normalement oblitérés à l'arrivée à Mostaganem par son petit chiffre 3730 ou son gros chiffre 5048.

En janvier 1845, la Compagnie mixte Touache crée une ligne en prolongation avec escales à Nemours, Gibraltar et Tanger prolongée, en 1852, jusqu'à Cadix ; sa cadence mensuelle devient bimensuelle en 1866. En 1871 l'exploitation de la ligne est reprise par la Compagnie Valéry.

Plusieurs cachets d'entrée à Oran nous sont parvenus : entre 1844 et 1857 OUTRE MER/ORAN, entre 1865 et 1866 TANGER/ORAN, à partir de 1857 ESPAGNE/ORAN avec timbre d'Espagne oblitéré par le gros chiffre 5051. A l'escale de Gibraltar les lettres sont affranchies par des timbres anglais, l'une d'entre elles porte la griffe " Por vapor de guerra frances ", prouvant qu'elle a été transportée par un aviso militaire les lettres de cette origine sont frappées à l'arrivée par POSS. ANGL./ORAN.

Le courrier débarqué à Nemours ponte le cachet OUTRE-MER/NEMOURS et les timbres sont oblitérés par son gros chiffre 5050.

2. Ligue de l'Est

Escales : Dellys, Bougie, Djidjelli, Collo, Philippeville et Bône.

Pour cette ligne également les premières lettres connues sont postérieures à la date de mise en service puisqu'elles sont datées de 1844 ; jusqu'en 1847 le cachet d'entrée à Alger est OUTRE-MER/ALGER, il s'agit de lettres venant de Bougie et de Bône en transit à Alger et destinées à Marseille. En 1858 apparaît le cachet BAT. A VAP./ALGER - BONE qui se rencontre sur des lettres déposées à Philippeville puisque le timbre est oblitéré par son petit chiffre 3734 et destinées à Constantine d'où le cachet, au vers PHILIPPEVILLE BC CONSTANTINE signalé précédemment ; à partir de 1863 nous trouvons son gros chiffre 5055.

PHlLIPPEVILLE/BONE BAT. A VAP. est connu sur des lettres venant de Bône et frappé à Philippeville avec timbre oblitéré par son petit chiffre 3734 entre 1854 et 1860 ; BAT. A VAP./DJIDJELLI sur les lettres venant de Bougie et de Philippeville avec le gros chiffre 5026 de Djidjelli entre 1871 et 1874 ; DJIDJELLI/ALGÉRIE également avec son gros chiffre plus BM dans un rectangle en 1870.

En 1847, pour assurer une liaison entre Marseille et Tunis, cette ligne est prolongée à La Calle et à Tunis.

A l'arrivée à Marseille, ce courrier a été frappé par OUTRE-MER/BONE entre 1859 et 1860 mais, dès 1855, on trouve également TUNIS PAR BONE/ ALGÉRIE et ce jusqu'en 1872 ; ce cachet était apposé lors du transit à Bône d'où l'oblitération du timbre par son petit chiffre 3716 ou son gros chiffre 5015, parfois cette oblitération est effectuée à Tunis d'où son gros chiffre 5107.

Au départ de Tunis la correspondance était remise ou à la boite mobile du bateau ou à l'agence consulaire de France et nous rencontrons le cachet TUNIS/PAR B0NE entre 1848 et 1853 ou celui perlé de Tunis avec fleuron entre 1855 et 1874.

2° PERIODE : A PARTIR DE 1880

L'année 1880 marque un tournant important pour les relations postales entre la Métropole et l'Algérie.

La convention signée en 1871 entre l'Etat et la Compagnie Valéry étant devenue caduque, un nouvel accord est signé, en mai 1880 avec la Compagnie générale transatlantique, valable jusqu'à juin 1895.

Pendant près de deux ans les liaisons deviennent libres et en 1898 de nouveaux accords sont signés avec la même compagnie et, et plus, avec la Compagnie de navigation mixte (Touache) et la Société des transports maritimes, d'une durée initiale de dix ans ils ont été renouvelés ultérieurement par tacite reconduction.

A partir de celle époque on assiste à une réorganisation complète des lignes maritimes, désormais l'Algérie possède son réseau ferroviaire transversal qui relie tous les ports d'où suppression des lignes côtières ; Marseille s'affirme comme étant le relais naturel avec l'Algérie d'où ses liaisons directes avec les divers ports le long de la côte, la ligne de Cette est supprimée et remplacée par Port-Vendres vers Alger et Oran, ce dernier parcours s'avérant le plus rapide entre la Métropole et l'Algérie occidentale.

Cette réforme implique l'adoption de nouveaux cachets dateurs apposés toujours à l'arrivée et l'ancien type, qui comportait au centre la seule date, est remplacé successivement par deux nouveaux.

 

postales-Tampon

 

A l'entrée à Marseille nous trouvons, sous des aspects parfois légèrement différents : MARSEILLE/LIGNE D'ALGER , D'ORAN, DE PHILIPPEVILLE, DE BONS. La ligne de Bougie n'aurait été en service qu'entre 1900 et 1904.

Pour l'arrivée dans les ports algériens nous trouvons

- à Alger : BAT. A VAP./MARSEILLE ALGER et BATEAU A VAPEUR/ MARSEILLE ALGER, ce dernier remplacé en 1923 par un cercle simple ;
- à Oran : MABSEILLE/BATEAU A VAPEUR et BAT. A VAP./MARSEILLE à Oran ;
- à PHILIPPEVILLE : MARSEILLE: BAT. A VAPEUR et BAT. A VAP./ MARSEILLE A PHILIPPEVILLE ;
- à Bône : BAT. A VAP./MARSEILLE A BONE.

Les lignes pour Port-Vendres ont eu deux cachets différents

 

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utilisés entre août 1880 et juillet 1881 lorsque des agents de l'Administration postale ont accompagné le courrier à bord des bateaux ayant leur port d'attache dans ce port. Par la suite ont été en service deux cachets à simple cercle : PORT VENDRES/PYRENEES ORles et PORT VENDRES/PAQUEBOT ORles.

Jusqu'à quelle date ont-ils été en service ces cachets " entrée "

N'ayant retrouvé aucun texte officiel à ce sujet nous avons posé la question à notre compatriote : M. Henri Gras qui, ayant été le responsable de la Recette Principale d'Alger, pouvait nous renseigner.

Il nous a déclaré que cette mesure n'a pas été prise à une date précise mais qu'elle s'est imposée progressivement à cause, d'une part, de l'augmentation sensible des correspondances à distribuer et, d'autre part, de la multiplication des moyens de transport, l'aviation s'étant ajoutée au bateau et au chemin de fer.

A Alger c'est lui-même qui a préconisé cette mesure lorsque la correspondance à l'arrivée a dépassé dix taille plis par jour ; les bateaux arrivaient pratiquement tous les jours, les trains des grandes lignes d'Oran et de Constantine entraient en gare à 7 h 30, les avions de Marignane atterrissaient à Maison Blanche à 4 H 30 et leurs changements étaient à la Poste centrale également à 7 h 30 ; il fallait que très rapidement le tri soit effectué par quartier avant d'être confié aux 250 facteurs qui assuraient la distribution à 8 h 30 et à 15 heures ; arrêter toutes ces opérations pour apposer le cachet " entré " aurait entraîné un ralentissement des opérations de distribution et c'est avec raison que cette formalité a été supprimée progressivement dans tous les bureaux.

J. DEL MATT0.

BIBLIOGRAPHIE

- Gouvernement général de l'Algérie - Relations maritimes entre la Métropole et l'Algérie, imp. Heintz, Alger, 1905.

- Salles Raymond : La poste maritime française - Historique et catalogue, chez l'auteur, 1963.

- Col. Dhé et J. Dénizet : Les liaisons maritimes, aériennes et terrestres en Algérie - Cahiers du centenaire, vol. VIII.

N.D.L.R. - Joseph Del Matto nous rassure : la relève des philatélistes pieds-noirs de l'an 2000 est certaine. Il nous communique deux lettres l'une de Fabienne Kazubek, de Gerland, élève de 3e - enfant pied-noir dit-elle -, l'autre de Denis Delgado, de Pau, douze ans, père et mère nés à Oran, écrit-il ; ces deux jeunes gens souhaitent adhérer au groupe d'étude et de recherche philatélique qu'anime notre ami. L'Algérianiste est heureux d'aider ces jeunes enfants dans la connaissance du pays de leurs parents par le biais de la chronique de son estimé collaborateur.

in L'Algérianiste n° 20 du 15 décembre 1982.

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