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Les locomotives " Garratt " en service sur le réseau algérien des voies ferrées

Écrit par Gérard Ducruc. Associe a la categorie Voies de Communication

Qui ne se souvient de ces monstres, qui remorquaient les trains rapides algériens entre les années 1937 et 1951, pour les avoir vus vraisemblablement au cours d'un voyage Alger-Oran ou Alger-Constantine et pour les Algérois, leur présence journalière en gare faisait partie du paysage ferroviaire habituel. Gérard Ducruc

 

Garratt-photoNBLocomotive

 

 

Une 231-232-BT 11 (coll. André Lepage)

 

 

De type " Garratt 231-132 ", année 1937. Poids total 231 tonnes. Diamètre des roues motrices 1,86 mètre. Les locomotives développaient une puissance de 3000 chevaux.

Fruit d'une conception ingénieuse, mise au point par l'ingénieur H. Garratt, un Anglais d'Australie, celle-ci était en fait très simple : à la base, deux unités motrices de locomotive de type traditionnel étaient placées dos à dos, chacune supportant une chaudière relativement importante. Les réservoirs et les soutes étaient, quant à eux, montés sur les boogies. L'avantage de ce système résidait, entre autres, dans le fait qu'aucun organe mécanique si vulnérable à l'encrassement, ne se trouvait sous la grille du foyer. De plus, du fait de sa construction symétrique, elle pouvait rouler indifféremment dans les deux sens et éviter les opérations fastidieuses de retournement.

En 1932 la compagnie du Paris-Lyon-Méditerranée (P.L.M.) commanda une locomotive expérimentale à la société franco-belge de Raismes pour son réseau algérien. Cette " 231-132 " fut une réussite, tant du point de vue de la vitesse que de ses capacités de montagne, si bien que dix autres locomotives de ce type furent commandées par la compagnie du P.L.M. Le chargement du charbon était facilité par un dispositif qui le poussait en avant. Les réservoirs étaient dessinés de façon à épouser la forme de la chaudière, ce qui donnait à la locomotive une silhouette très élégante.

Des essais complets furent entrepris avec ces puissantes locomotives sur le réseau du Nord, entre Calais et Paris. Sur la grande ligne Alger-Constantine, qui comportait des rampes de 2,6 %, ces machines ramenèrent le temps nécessaire pour parcourir les 464 km de douze heures trente à huit heures trente.

Après la fusion de la compagnie du P.L.M. avec le C.F.A.E. pour former les Chemins de Fer Algériens (C.F.A.), l'ordre d'achat fut porté à vingt-neuf locomotives. Des améliorations techniques avaient, entre-temps, été apportées. L'innovation principale fut sans doute la distribution Cossart ; ce système actionnait des tiroirs commandés par cames, permettant ainsi de couper l'admission de vapeur à 5 ou 7 % de course du piston et de mieux utiliser le pouvoir de détente de celle-là. L'originalité de ces locomotives résidait en outre dans le fait que ce système de distribution fonctionnait électriquement.

Jusqu'à la guerre, les " Garratt " assurèrent de bons services à la tête des rapides. Au cours des années qui suivirent, elles furent insuffisamment entretenues et le système de distribution électrique en souffrit considérablement. Après guerre, l'occasion se présenta d'équiper le réseau de diesels et ces machines furent réformées. En 1951, elles avaient entièrement disparu du réseau ferroviaire algérien.

Gérard Ducruc

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