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Février 1957, Surprise "HISTORIQUE" : EL BIAR élimine REIMS !

Écrit par Roland H. Auvray. Associe a la categorie Football

C'est seulement en 1954 que les clubs algériens, marocains, tunisiens, ont été invités à participer à la Coupe de France, qui datait pourtant de 1917 ! Curieux, non ? pour une Algérie et une Afrique du Nord que l'on voulait, que l'on prétendait " françaises "...

Et l'année 1954 ne doit rien au hasard quand on sait que la Guerre d'Algérie venait de commencer. Sans doute voulait-on rattraper le temps et les occasions perdues. Seulement en football comme en politique, les occasions perdues...

Pourtant, en ce début de février 1957, une quinzaine de joueurs, et autant de supporters, prenaient l'avion, d'Alger à Toulouse. C'était le SCUEB, Sporting Club Union El Biar, club jusque-là plutôt modeste dans la hiérarchie algérienne.

Cette délégation algéroise était heureuse d'aller en France, de quitter cette triste atmosphère d'Alger où les attentats se multipliaient. Sur le stade d'EI Biar, aussi, des bombes avaient explosé. Des joueurs, des dirigeants, des spectateurs, étaient morts.

Football JourneauxDans cet avion Alger-Toulouse, les joueurs du SCUEB, leur entraîneur-joueur Buffard, pensaient au match de Coupe de France qu'ils devaient jouer le lendemain contre le prestigieux Stade de Reims, vice-champion d'Europe !

Buffard avait pris Reims pour exemple et faisait évoluer le SCUEB selon les mêmes principes de jeu, de style, de tactique. C'est ainsi que le SCUEB avait déjà obtenu des résultats notables en coupe et se retrouvait donc en 16e de finale.

Et dans le stadium de Toulouse, un coup de tonnerre allait éclater. Dès la 4ème minute, El Biar bénéficia d'un coup franc. Buffard le tira et marqua.

Un quart d'heure après Almadovar recevait une transversale de Baeza et inscrivait le second but.

El Biar menait 2 à 0 ! Les Algérois avaient pris les Rémois à leur propre jeu: passes courtes, déviations, jeu intelligent et spectaculaire, offensif.

Vidal, Taberner, Baeza faisaient tourner en bourrique les Jonquet et autres Penverne, médusés.

Pourtant, Reims attaquait aussi, mais Chakor, Florit, Lapasset maîtrisaient l'adversaire. Quant au goal, Benoit, il réalisait des arrêts sensationnels. Il sera surnommé le Tigre Volant !

Ce jour-là, il ne pouvait pas être battu. Sur la fin, Taberner faillit ajouter un 3ème but. Et sous les applaudissements d'un public conquis, El Biar réussit à préserver son avantage. Le grand Reims était maté !

À l'hôtel, après le match, l'équipe algéroise croulait sous les télégrammes, le téléphone, les interviews. . .

Le retour à Alger fut triomphal; la foule faillit à l'aérodrome faire capoter l'avion. Durant une semaine, Alger oublia ses malheurs. Le terrorisme urbain respecta une trêve sportive. Rien que pour cela, il faut se souvenir des héros de ces jours de gloire. Ils s'appelaient: Buffard, Issaad, Florit, Baroni, Taberner, Lapasset, Benoit, Chakor, Vidal, Baeza, Almodovar.

Ils font partie de la légende sportive franco-africaine.

ROLAND H. AUVRAY extrait d'Arts et cultures d'A.F:N. " L'Echo du Sud "

in l'Algérianiste n°79 de septembre 1997

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