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Les timbres-poste d'Algérie 1924-1958

Écrit par CINI. Associe a la categorie Philatélie

23 août 1848: l'Assemblée nationale adopte le nouveau moyen d'affranchissement des lettres. 1859: il est créé une vignette - Colonies de l'Empire français -.
Et l'Algérie ? Malgré plusieurs projets, les premiers timbres algériens ne seront mis en vente qu'en 1924.

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Nous tenons à remercier notre compatriote, M. Henri GRAS (1) qui, en nous confiant ses souvenirs et en nous permettant de les utiliser pour la rédaction de cet article, nous a permis de faire connaître des détails jusqu'ici inconnus sur l'histoire des timbres-poste en service en Algérie entre 1924 et 1958.

Descendant d'une famille de « postiers » — son grand-père était arrivé de Saint-Jean-du-Gard en 1850 comme titulaire du bureau - recette - distribution ouvert à Koléa en 1847 ; son père avait commencé sa carrière à Bou Saada (1892-1895) pour la poursuivre à Dra el Mizan (1895-1902) et la terminer à Cheraga (1902-1928) — à son tour il devait suivre leurs traces jusqu'au poste de directeur de la recette principale d'Alger, qu'il a dû abandonner en 1959 ayant été parmi les premiers à subir le souffle du « vent de l'histoire ». II a donc vécu de très près certains événements qu'il nous a permis de publier.

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Avant de traiter l'argument proposé, il convient de préciser la création des timbres dans les diverses colonies françaises.

L'adoption de ce nouveau moyen d'affranchissement des lettres a été approuvé par l'Assemblée nationale le 23 août 1848 et réalisé le 1er janvier 1849. Il avait fallu près de dix ans de discussions pour que la France utilise un système en usage en Angleterre depuis le 10 janvier 1840.

En 1851, certaines valeurs ayant cours en Métropole sont mises en service dans les colonies et, en 1859, il est décidé de créer un type propre à ces territoires : il s'agit d'une vignette portant en exergue la mention « Colonies de l'Empire français », avec, au centre l'emblème de l'aigle impériale.

Six autres émissions se suivent : en décembre 1871, celle à l'effigie de Napoléon III avec la mention « Empire français » bien que le régime soit déjà déchu, en 1871 et 1872 celle portant la figure de Cérès avec l'inscription « République française », en 1877, celle signée Sage et, en 1881, celle signée Dubois.

A partir de 1884 chaque colonie est dotée de ses propres timbres : d'abord la Guadeloupe, puis la Réunion en 1885, la Martinique, la Guyane et le Gabon en 1886 et ainsi de suite jusqu'en 1892 pour la Côte-d'Ivoire.

Exceptionnellement sept timbres-poste ont été émis en 1943 et un « aviation » en 1944 par le Comité de la libération nationale, ayant cours dans toutes les colonies et en Algérie.

Et l'Algérie ?

Bien que rattachée parfois au ministère des Colonies, son courrier a été toujours affranchi par les timbres métropolitains, ce qui montre ou bien son originalité, ou bien encore l'incohérence de la politique parisienne. Nous connaissons une seule lettre affranchie par un timbre de 80 centimes du type « aigle » et ce, probablement, à cause du hasard d'un voyage.

En réalité l'idée d'un timbre propre à l'Algérie avait été lancée en 1894 au Parlement français mais elle n'avait pas eu de suite bien que plusieurs projets de vignettes aient été proposés.

Les « Délégations financières », appuyées par les Groupements commerciaux algériens, relançaient l'idée en 1902 mais elle était repoussée à nouveau après de nombreuses correspondances échangées entre le Gouvernement général d'Algérie, le ministère de l'Intérieur et le sous-secrétariat d'Etat aux Postes et Télégraphes.

La question était reprise en 1923, cette fois c'est le Syndicat commercial algérien qui en discute lors de sa séance du 24 janvier ; le 7 février, c'est la Chambre de commerce d'Alger qui en discute et fait remarquer qu'un timbre « constitue un moyen de propagande et de publicité au point de vue touristique qui, à lui seul, milite en faveur de la réalisation d'une vignette de facture essentiellement algérienne, vignette qui, décelant l'attrait d'un pays privilégié par le soleil, irait dans tous les coins du monde faire naître, chez les touristes, le désir de parcourir, de jouir des sites, de son climat.

Ce voeu est fortement appuyé par M. Treuille, sous-directeur des P.T.T. auprès du Gouverneur général, qui voit là un autre avantage, et cette fois pour la France, la possibilité de consolider sa position au sein de l'instance internationale qu'est l'U.P.U. L'Union postale universelle, née à Berne le 9 octobre 1874, fixe les règles communes à tous les territoires adhérents ayant leurs propres services postaux et dicte les normes de communication les liant ; les décisions sont prises par le congrès qui se réunit une fois tous les cinq ans, chaque territoire ayant droit à une voix.

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Le principe de la représentativité était, en réalité, l'objet de longues discussions à chaque réunion puisque certains états membres ayant dans leur orbite des territoires dotés de services postaux autonomes avaient obtenu une voix pour chacun d'eux ; tel était le cas de l'Angleterre, de la Belgique, du Portugal et des Pays-Bas à la faveur de leurs colonies. La France, également, disposait, depuis le congrès de Rome de 1920 de quatre voix : la sienne et celle des offices postaux du Maroc, de la Tunisie et de l'Indochine. Il était tentant d'en ajouter une nouvelle grâce à l'Algérie.

C'est ainsi que l'arrêté interministériel signé à Paris le 11 décembre 1923 autorise « l'impression d'une surcharge sur les timbres et autres valeurs fiduciaires postales de la Métropole à l'usage spécial des bureaux de poste de l'Algérie », permettant ainsi à la France d'obtenir une autre voix lors du congrès de Madrid en 1925, malgré l'opposition des Etats-Unis d'Amérique réduits au même rang que San Marino, Monaco ou Andorre.

La question n'était pas résolue pour autant et elle allait rebondir, après la guerre, lorsque le principe des colonies était bouleversé par une nouvelle conception américaine. Lors des congrès de Madrid, en 1942, et de Paris, en 1947, ce sont en effet les U.S.A., et cette fois avec l'appui de l'U.R.S.S., du Canada et du Mexique, qui s'élèvent contre ce qu'on allait appeler « les voix coloniales » et demandent que la représentation soit limitée aux seuls Etats souverains.

M. Gras, qui faisait partie de la délégation de l'Algérie, conduite par M. Labrousse, directeur des services postaux au Gouvernement général, nous rappelle la formulation présentée par cette délégation : la qualité de membre de l'O.N.U. est fondée sur le caractère autonome de son administration postale, l'Algérie ayant son propre budget en la matière et ses propres timbres a, dès lors, le droit de siéger et ce d'autant plus qu'elle ne peut pas être considérée comme une « colonie » puisqu'il s'agit d'un ensemble de trois départements divisés de la métropole par la mer mais qui sont placés sous l'autorité du ministère de l'Intérieur par l'intermédiaire du Gouvernement général qui les représente.

Grâce à l'appui des trois possessions françaises déjà citées ainsi que des autres membres ayant encore des colonies, la présence de l'Algérie était approuvée (40 voix pour, 28 voix contre et 5 abstentions, dont celle de la France, ce qui était normal).

La suite des événements nous fait, aujourd'hui, poser une question : ne s'est-il pas agi d'une victoire à la Pyrrhus, n'avons-nous pas forgé alors une des armes qui devaient nous combattre vingt ans après ?

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Un état indépendant se caractérise, entre autres, par le droit de battre monnaie et d'utiliser ses propres timbres. Lorsque le ciel commença à s'assombrir en Algérie, chacun a tenté de nouer des contacts pour expliquer la situation aux étrangers dans l'espoir de faire naître des sympathies. Avec quelques camarades réservistes du Corps des interprètes militaires, reconstitué en Algérie après novembre 1942, nous avons rencontré des personnalités étrangères de passage pour leur présenter nos arguments sur les liens qui unissaient l'Algérie à la France ; les réponses nous firent comprendre la vanité de nos efforts car, souvent, nous avons entendu dire que l'Algérie a sa propre monnaie, ses propres timbres, que les échanges commerciaux avec la France sont considérés par les statistiques douanières comme des importations et des exportations au même titre que les autres pays étrangers, etc.

La proie était trop belle et chacun tenait à prendre position en vue de l'héritage.

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En vertu de l'arrêté interministériel précité, les premiers timbres algériens sont mis en vente entre le 12 juillet 1924 et le 22 décembre 1925 ; il s'agit de 33 valeurs assez hétérogènes puisqu'elles comprennent des types Blanc, Semeuse, Pasteur et Merson. Toute apposition de surcharge comporte des erreurs qui, en philatélie, prennent le nom de « variétés », tel fut le cas ici également. Lorsque les nouvelles feuilles, venant de l'atelier du boulevard Brune à Paris, furent remises à la direction des Postes d'Alger, un tri sévère devait écarter toutes ces anomalies mais à Paris même com­mençait déjà la mise sur le marché de timbres avec la surcharge renversée, déplacée ou à cheval sur deux timbres, ou bien encore double ou recto verso, il s'agit de pièces toujours recherchées, mais desquelles il faut se méfier à cause des « faux » en circulation.

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La première série propre à l'Algérie a été décidée par l'arrêté inter-ministériel du 15 mai 1925 mais, dès le 15 mars de la même année, le service des Postes et Télégraphes du Gouvernement général avait lancé le concours pour la présentation des maquettes réparties en quatre groupes : un pour les valeurs comprises entre 0,05 et 0,10 ; un pour celles comprises entre 0,15 et 0,40 ; un pour celles comprises entre 0,45 et 0,85 et un pour celles com­prises entre 1 F et 5 F. Les primes étaient fixées à 3.000 F pour les trois premiers groupes de petit format et à 5.000 F pour le dernier, de grand format. Le jury était composé de douze personnalités algériennes sous la présidence du secrétaire général du Gouvernement général.

Pour éviter toute discrimination il avait été convenu que le choix serait fait entre deux artistes algériens et deux métropolitains.

M. Gras nous a rappelé le rôle joué par un des membres de ce jury, M. Cauvy, artiste peintre réputé et directeur de l'Ecole des Beaux-Arts, qui se trouvait dans l'ancien quartier de la Marine à Alger et démoli dans les années 1950 pour faire place à l'avenue du 8-Novembre.

Le 15 juin, les projets présentés dans une des grandes salles de la poste centrale d'Alger, donnent lieu au choix suivant :

  • M. Montadès, de Paris, pour « la rue de la Casbah à Alger » ;
  • M. Waltremetz, de Colombes, pour « la mosquée de Sidi Abderrahmane à Alger » ;
  • M. Antoni, d'Alger, pour « la mosquée de la Pêcherie à Alger » ;
  • M. Brouty, d'Alger, pour le panorama d'Alger pris de Mustapha supérieur et appelé, par la suite, des « Arcades ».


Le 26 mai 1926 commence la vente des 33 valeurs composant cette série dont 5 du premier type, 7 du deuxième, 6 du troisième et 5 du quatrième.

En 1927, treize de ces timbres ont été surchargés d'un croissant et d'une surtaxe au profit des soldats d'Algérie blessés lors de la campagne du Maroc.

A l'occasion des cérémonies organisées en 1930 pour célébrer le cen­tenaire de la présence française, est mise en vente une série de treize timbres, de 0,05 à 5 F, imprimés en taille douce exceptionnellement par l'Institut de gravure de Paris ; d'une valeur faciale de 14,50, elle a été majorée d'une surtaxe égale d'où sa vente à 29 F. Le tirage a été de 100.000 exemplaires mais, en réalité, 44.909 ont été vendus, les autres ayant été officiellement détruits, les timbres en cours ont été démonétisés le 1er février 1931.

En plus de cette série a été vendu un timbre à 10 F, délivré seulement aux visiteurs de l'Exposition philatélique internationale, organisée à Alger, et qui devaient s'acquitter du droit d'entrée fixé également à 10 F. Ce timbre a eu deux tirages de 25.000 exemplaires chacun : un ayant la den­telure 12 1/4 et l'autre la dentelure 11. 500 exemplaires non dentelés ont été mis à la disposition du comité organisateur de l'exposition ; il existe un petit tirage sur soie ; le timbre a été démonétisé le 11 mai 1931. Ce timbre, qui représente le port d'Alger lors du débarquement, laisse appa­raître une erreur historique : sur le trois-mâts qui y figure est hissé le drapeau tricolore alors que nous sommes encore à l'époque de Charles X et, donc, du drapeau à fleurs de lys. M. Gras a interrogé à l'époque son créateur, M. Vérecque, de Paris, sur cette anomalie, qui lui a répondu l'avoir commise sciemment, dans le dessein d'affirmer sa conception symbolique.

Six ans plus tard parait une nouvelle série de 27 timbres représentant des sites et paysages, la « halte saharienne » est le plus beau de tous, les couleurs choisies donnant d'une façon saisissante l'impression de l'immensité du désert.

La coupure des relations avec la métropole allait créer une situation anormale d'où l'impression confiée à l'ancienne imprimerie Heintz d'Alger de nouveaux timbres aux armoiries de certaines villes d'Algérie, à l'effigie du maréchal Pétain et ceux émis pendant la période du général Giraud. La série dite des « Coqs » et de « Marianne » a été imprimée par un sous-traitant : la Typo-Litho Carbonel, également d'Alger.

Avec la paix, c'est le retour à la normalité et, par conséquent l'impression des timbres est confiée à nouveau à l'atelier du boulevard Brune à Paris ; les émissions se succèdent au gré des changements tarifaires ou politiques, les sujets étant choisis parmi les commémorations, les événements locaux ou bien la reproduction d'autres armoiries.

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Certains timbres de France sont encore surchargés pour leur utilisation en Algérie, en particulier lors des « Journées du timbre ». Quelques « variétés » se retrouvent en circulation, parmi les plus recherchées, nous trouvons le 1,50 + 3,50 émis en 1942 au profit des œuvres de l'air, surchargé « R.F. » et « Algérie » qui apparaît parfois sans l'une ou l'autre de ces surcharges.

Des « variétés » se retrouvent également sur les timbres propres à l'Algérie et tirés soit sur place soit en France, la plus intéressante est celle du 0,90 rouge, type « rue de la Casbah » émis en 1939 alors même que le port de la lettre était porté à 1 F, il a donc fallu surcharger le tirage primitif par la nouvelle valeur et l'on connaît des surcharges renversées ou doubles, ainsi que, la plus rare, le timbre non surchargé.

Un cas unique est celui de la planche n° 99.612 du 5 F type « Enfant à l'aiglon » de couleur bleu foncé, émis en 1952 : sur les 50 timbres qui la composent (10 x 5) les 30 de la partie gauche (6 x 5) ont une impression très claire, dite dépouillée ».

Des études très complètes sur tous ces sujets ont été réalisées par des philatélistes passionnés tels que le docteur Joany pour les « Coqs » et « Mariannes » (Monde des philatélistes, 1967), et M. Perrin pour les timbres de France 1900-1926 surchargés Algérie (Documents philatéliques, 1976), et pour les premières émissions .d'Algérie (Monde philatélique, 1978).

Le dernier timbre portant la mention « Postes Algérie » est celui émis au profit de la « Fondation Maréchal-de-Lattre » en 1958.

1958 !!!

L'année des illusions pour certains et déjà des désillusions pour d'autres, l'époque des circonlocutions adroites, des périphrases châtiées, des déclarations rusées que l'on pourra interpréter un jour suivant la conception du moment.

Parmi la foule de propositions avancées dans l'illusion de « l'intégration » ou encore de « l'assimilation », la première décision prise fut celle, sans grande importance, de la suppression du timbre algérien. Le 3 juin, lors d'un discours prononcé dans le grand salon du palais d'été le « Guide » annonçait le droit au vote des femmes musulmanes pour décider du sort commun à tous les Français et affirmait : « Et nous allons marquer à l'avance cette unité d'un signe visible. Très prochainement, il n'y aura plus qu'une seule catégorie de timbres en métropole et en Algérie » et, peu après, resté seul avec le général Salan, lui disait : « Vous l'avez eu, votre timbre. » (Raoul Salan, Mémoires - Fin d'un empire - L'Algérie de de Gaulle et moi, p. 48.)

Et, comme si cette décision devait être le pilier pour résoudre tous les problèmes et qu'il fallait donc la réaliser rapidement, dès le 18 juillet le Journal officiel de la République française publie un arrêté signé par le président du Conseil des ministres, le ministre du Sahara et celui des P.T.T., autorisant « à mettre en oeuvre en Algérie un programme d'expansion économique, de progrès social et de réforme administrative et l'habilitant à prendre toutes mesures exceptionnelles en vue du rétablissement de l'ordre, de la protection des personnes et des biens et de la sauvegarde du Territoire » pour réaliser de si nobles intentions l'article unique décide que « sont désormais valables pour l'affranchissement des objets de correspondance déposés en Algérie et dans les départements des Oasis et de la Saoura les timbres-poste en usage sur le territoire métropolitain ».

A la lecture de ce texte, M. Gras, alors directeur de la recette principale d'Alger, demande à connaître les raisons pour lesquelles il ne comporte pas la signature du ministre de l'Intérieur sous l'autorité duquel étaient placés toujours les trois départements français formant alors l'Algérie alors qu'y figurait celle du ministre du Sahara ce qui pouvait laisser supposer le partage du pays en deux territoires, personne ne sut donner une réponse !

Dès le 22 juillet est mis en vente le 20 F bleu au type Marianne de Muller au cours d'une cérémonie organisée par M. Gras dans le grand hall de la poste centrale d'Alger, sur un énorme panneau on affirme : « Hier et Aujourd'hui. - Hier, 21 juillet 1958, le timbre qui reliait Tamanrasset à Dunkerque portait la surcharge Algérie. - Aujourd'hui, 22 juillet 1958, la liaison postale qu'elle se fasse dans le sens Dunkerque-Tamanrasset ou Tamanrasset-Dunkerque, se fait avec la même vignette : celle de la République française. »

Le général Salan, entouré de nombreuses personnalités civiles et militaires, assiste à la cérémonie et, le premier, achète deux timbres pour affranchir deux enveloppes renfermant des messages destinés à la maréchale Leclerc de Hauteclocque et à la maréchale de Lattre de Tassigny, à Paris.

Un public nombreux est admis par la suite et 60 guichets sont mis à la disposition pour vendre ce timbre et l'oblitérer par un cachet à date « premier jour » sur une enveloppe aux couleurs de celle qui paraissait être encore la « Mère Patrie ».

Les recettes principales d'Oran et de Constantine avaient organisé une cérémonie analogue.

Par la suite, l'administration postale française s'est souvenue encore quelques fois de l'Algérie grâce à certains timbres qui ont donné lieu à des oblitérations « 1 jour », comme le 50 F Charles de Foucauld : 31-1-1959 à Strasbourg, 15 F armoiries d'Alger : 7-3-1959, 30 F Hassi Messaoud : 23-5-1959, 15 F barrage de Foum el Gherza : 23-54959, 0,45 gorges de Kerrata : 16-1-1960, 0,50 mosquée de Tlemcen : 16-1-1960, 0,05 armoiries d'Oran : 15-19-1969, 0,30 Elise Rivet en religion mère Elisabeth, héroïne de la Résistance : 22-4-1961 à Draria (Alger) où elle est née et à Lyon où elle a été arrêtée pour être envoyée au camp de Ravensbruck où elle a pris la place d'une mère de famille destinée au four crématoire ; 1 F ancienne porte de Lodi à Médéa : 7-10-1961. Un 0,15 armoiries d'Alger, émis en 1961, n'a pas eu, à notre connaissance, d'oblitération « 1er jour ».

Trois autres timbres ont été oblitérés « 1er jour » en France : 0,30 + 0,40 Albert Camus : 24-6-1967 à Lourmarin, 0,45 Alphonse Juin, maréchal de France : 20-2-1970 à Paris et 1,00 + 0,30 Eugène Fromentin, écrivain et peintre orientaliste : 26-9-1976 à La Rochelle.

Entre-temps, la page « Algérie » était arrachée du livre de l'histoire de France qui retrouvait ainsi sa « grandeur hexagonale » ; dès le 27 juin 1962 la nouvelle administration décidait le remplacement des mots « République française » sur les timbres en circulation par le sigle « E.A. » (Etat algérien) et, le 30 juin, le Gouvernement provisoire précisait aux services intéressés que cette modification aurait lieu « le lendemain du discours prononcé par le président de la République française et reconnaissant l'indépendance de l'Algérie ».

L'acte de décès était signé... Le glas pouvait sonner...

J. DEL MATTO.

En 1979, notre G.E.R. a établi la liste des bureaux de la poste ayant fonctionnée en Algérie pendant la présence française (voir bulletin n° 12).
Depuis, de nouvelles trouvailles et des renseignements fournis par des collectionneurs ont permis d'améliorer ce travail permettant ainsi une nouvelle présentation qui a été complétée par l'indication des diverses oblitérations à la main utilisées. Malgré ces nouveaux apports, l'ouvrage n'est pas encore complet et nous demandons la collaboration de tous les marcophiles si nous voulons conserver à jamais l'histoire de ce qui fut notre pays car il est indéniable que la connaissance de l'évolution des bureaux postaux y contribue au plus haut point.
Pour élargir le champ de nos recherches, nous avons confié la diffusion de cet ouvrage à une association de marcophiles le Club « Le Meilleur », B.P. 21, 77330 Le Mee-sur-Seine.
Jo DEL MATTO, animateur du G.E.R. « Philatélie ».

(1) Nous venons d'apprendre la disparition de M. Henri Gras, ancien directeur de la Recette principale des P.T.T. à Alger, qui a largement inspiré cette étude. Ses passions étaient son Algérie natale où reposaient ses parents et ses grands-parents, et son métier. Expulsé parmi les premiers d'Algérie, il se retira à Toulon, où il aimait rencontrer des jeunes philatélistes à qui il confiait avec passion les souvenirs de sa longue carrière.
A son petit-fils Pierre nous présentons nos sincères condoléances.

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