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Le timbre-poste algérien "Algérie française" (2)

Écrit par Henri GRAS. Associe a la categorie Philatélie

Timbre02

 

La nouvelle unification des vignettes postales entre la métropole, les départements algériens et les départements sahariens, intervient le 19 juillet 1958. Elle est fixée par l'arrêté paru le 18 juillet 1958 au J. 0. de la République française signé par le président du conseil des ministres Charles de Gaulle, par le ministre du Sahara Max Lejeune et par le ministre des Postes, Télégraphes et Téléphones Eugène Thomas, arrêté qui précise en son unique attendu :

- Vu la Loi n' 58.521 du 3 juin 1958 portant reconduction de la Loi 56258 du 15 mars 1956 autorisant le gouvernement à mettre en oeuvre en Algérie un programme d'expansion économique, de progrès social et de réforme administrative et l'habilitant à prendre toute mesure exceptionnelle en vue du rétablissement de l'ordre, de la protection des personnes et des biens, et de la sauvegarde du territoire, complétée, modifiée et reconduite par les lois n' 578320 du 22 juillet 1957, n' 571203 du 15 novembre 1957 et n' 58496 du 22 mai 1958, suivi d'un

Article unique

Sont désormais valables pour l'affranchissement des correspondances déposées en Algérie et dans les départements des Oasis et de la Sahoura, les timbres-poste en usage sur le territoire métropolitain.

Peu d'usagers des P.T.T en Algérie et peu de philatélistes ont discerné, au moment de son application, la relation de cause à effet de l'arrêté susvisé, qui, en fait, supprimait le timbre-poste spécial à l'Algérie et plus particulièrement la raison qui a amené le ministre du Sahara à le contresigner alors que le ministre de l'intérieur, sous l'autorité duquel ont toujours été placés les départements algériens, partie intégrante de la France, en avait été exclu.

Il est à remarquer qu'à la même époque les billets de la Banque d'Algérie et de Tunisie restent utilisés comme par le passé, dans ces deux territoires.

Les questions indiscrètes, peut-être posées alors, restèrent sans réponse.

C'est dans les " Mémoires " du Général Raoul Salan, " L'Algérie, De Gaulle et moi " qu'est précisée la raison qui a entraîné la suppression du timbre-poste spécial à l'Algérie. On lit, en effet, au chapitre 1er de cet ouvrage (mesures prises pour le référendum), ce qui suit :

" Au cours de ses nombreuses allocutions, le Général depuis son investiture comme président du Conseil n'a cessé de parler du référendum dont nous ne sommes plus maintenant qu'à quelques semaines. Des mesures importantes décidées à Paris (c'est moi qui souligne), sont intervenues dès cette première quinzaine de juillet. Elles ont pour but d'amener les masses à voter " OUI ".

Le 22 juillet je me rends à la poste centrale, rue d'Isly, pour ouvrir les guichets où sera mis en vente dorénavant et exclusivement le timbre à l'effigie de Marianne portant la seule inscription " République française ". C'est un signe discret mais tangible de l'intégration. Auparavant, les timbres usités en Algérie et au Sahara portaient en bas la mention : " Poste Algérie ".

Le décret signé le 27 juillet par le président du Conseil prescrit que seuls seront désormais valables en Algérie les timbres en usage sur le territoire métropolitain et que ceux en usage à la date de ce décret cessent d'avoir valeur d'affranchissement. Ceci est la conséquence de la décision annoncée le 3 juillet par le Général dans son discours d'Alger. A l'occasion de cette unification postale entre la Métropole et l'Algérie, la vente du timbre-poste " Métropole " à 20 F avec l'oblitération " premier jour " donne lieu à une manifestation solennelle à la recette principale des P.TT. du département d'Alger.

Les philatélistes algériens se souviennent certainement comme moi de cette journée. Je dirigeais alors ce qu'on appelait à Alger la " Grande Poste ".

Ainsi le timbre-poste spécial à l'Algérie française créé et mis en vente dans tous les bureaux de poste des trois départements algériens et des territoires du Sud (le Sahara) le 11 décembre 1923, disparaît le 22 juillet 1958, trente-quatre années après sa création.

J'ajoute, pour mémoire, qu'après la suppression en Algérie française de son timbre-poste spécial, ce sont les figurines de la poste française qui ont été " immolées " à leur tour, en 1962.

On voudra bien trouver ci-après quelques renseignements à ce sujet

27 juin 1962 - Message télex du délégué aux postes à directeur central n° 510 Cab. 27 juin 1962.

" Ai l'honneur vous communiquer mon accord pour la disposition prise en ce qui concerne les timbres-poste. Il y a lieu de remplacer le sigle R.A. par le sigle E.A. (initiales Etat algérien pendant la période transitoire). Un projet d'émission du timbre-poste spécifiquement algérien est encore à l'étude etc...

Circulaire télégraphique n) 509 AC

" A compter du 2 juillet 1962, la vente des timbres-poste sera exclusivement limitée aux valeurs suivantes :

- 0,10 F…………..Moissonneuse
- 0,25 F…………..République
- 1.F………………Médéa, porte de Lodi - Stop.

Les timbres-poste ainsi mis en vente seront obligatoirement revêtus de la surcharge E.A. (Initiales de la mention Etat algérien) - Stop. Il appartiendra aux bureaux de porter cette surcharge sur tous les timbres mis en vente - Stop. Le nécessaire sera fait par les recettes principales lors de l'envoi de figurines aux bureaux de leur département - Stop. La surcharge sera apposée au moyen de timbres en caractères caoutchouc commandés si possible sur place. Les lettres devront avoir les dimensions suivantes ; hauteur : 6 mm, largeur : 5 mm, épaisseur : 1 mm - Stop. Les timbres caoutchouc pourront être constitués par une barrette de 10 cm comportant 5 fois le groupe de lettres E.A. séparées par un intervalle de 12 mm de façon à pouvoir surcharger les figurines de petit format par séries de 5 Stop. Les figurines de grand format porteront de ce fait deux fois la surcharge - Stop. En outre l'inscription " République française " selon la disposition des divers timbres sera annulée par un trait noir apposé à l'aide d'une barrette en caoutchouc - Stop. Pour les petits bureaux qui n'auraient pas la possibilité de faire fabriquer sur place les timbres de caoutchouc nécessaires, les directions recevront incessamment un approvisionnement de cachets à distribuer à ces derniers - Stop. Dans les petites localités la surcharge des timbres-poste sera faite si nécessaire à la main, au crayon à bille noir - Stop. Cette dernière mesure sera appliquée au surplus dans tous les cas d'absolue nécessité - Stop. Les mêmes mesures seront appliquées aux timbres-taxe utilisés - Stop. Il est signalé qu'il est envisagé un approvisionnement ultérieur des valeurs suivantes :

- 0,30 F Hassi-Messaoud

- 0,45 F Gorges de Kerrata

- 0,60 F Médéa, Porte de Lodi

à utiliser comme ci-dessus. Stop et Fin. "

Voilà des dispositions qui intéressent les philatélistes amateurs de " Variétés " et quelle variété... !

20 juin 1962 - 91015 - Directeur départemental Alger.

" Vous informons instructions de la circulaire télégraphique n° 509 Ag. C relative surcharge timbres-poste seront appliquées le lendemain du discours prononcé par le président de la République française et reconnaissant l'indépendance de l'Algérie. Stop et Fin.

Message transmis, le 30 juin 1962 à 19 heures 30. "

HENRI GRAS

In l'Algérianiste n° 79 de septembre 1997

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