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Opération Torch à Casablanca

Écrit par Georges Bosc. Associe a la categorie La Seconde Guerre Mondiale

La "Task Force 34" occidentale a pour objectif Casablanca. Elle est entièrement américaine. Les forces terrestres se composent de 35 000 hommes et sont placées sous les ordres du fameux général George Patton. Les forces navales, commandées par l'amiral Henry Hewitt, comprennent une centaine de navires de guerre, 29 transports de troupe et 102 cargos. Les 23 et 24 octobre, cette flotte appareille directement des EtatsUnis, principalement des ports de Hampton-Roads, Norfolk et Portland. Au sein de l'escadre de guerre, un groupe de couverture (covering), sous l'autorité du contre-amiral Giffen, a pour mission de neutraliser la flotte française, notamment le cuirassé "Jean Bart" ; il compte dans ses rangs le puissant cuirassé " Massachusetts " ainsi que les croiseurs "Wichita" et "Tuscaloosa". Le croiseur lourd "Augusta" porte la marque de l'amiral Hewitt. Une importante protection aérienne est embarquée sur les porte-avions "Chenango", "Ranger", "Sangamon", "Santee" et "Suwanee".

La "Task Force" se divise elle-même en trois groupes d'assaut :debcasa

- Groupe nord (Northern attack), comprenant un contingent de 9 500 hommes et 65 chars, sous la protection du cuirassé "Texas" et du croiseur "Savannah". Il est commandé par le général Truscott et doit débarquer à l'embouchure de l'oued Sebou, 120 kilomètres au nord-est de Casablanca.

Il a pour objectifs Mehdia et Port-Lyautey avec son aéroport.

- Groupe centre (Center attack), composé de 19 000 hommes et 79 chars, couvert par les croiseurs lourds "Augusta", "Brooklyn" et "Cleveland". Il doit prendre pied sur la plage de Fédala en divers points (Blue beach 1-2-3 et Red beach 1-2-3), 25 kilomètres au nord-est de Casablanca. Son objectif est de neutraliser Fédala, puis de s'emparer de Casablanca.

- Groupe Sud (Southern attack), comptant 6 500 hommes et 108 chars, appuyé par le cuirassé "New York" et le croiseur "Philadelphia". Sous le commandement du général Harmon, il doit s'emparer du port de Safi pour y décharger ses chars "Sherman" et "Grant" avant de pousser en direction de Marrakech.

Le parapluie aérien fourni par l'aéronavale est de 172 avions.

Du côté français, l'organisation défensive du Maroc est placée sous l'autorité du résident général Noguès.

Le général Béthouart, qui s'illustra à Narvik, commande la division de Casablanca et l'amiral Michelier est à la tête de l'escadre. L'armée de terre dispose de 30 900 hommes des forces de manoeuvre, effectif qui peut être rapidement doublé par la mise en oeuvre des réserves et la mobilisation des goums. De puissantes batteries côtières sont implantées, notamment à El-Hank et au cap Fédala. Les forces navales sont constituées par le cuirassé "Jean Bart", immobilisé mais redoutablement armé, 1 croiseur, 3 contre-torpilleurs, 7 torpilleurs, 12 sous-marins et 4 avisos. L'armée de l'air compte environ 170 appareils de combat en état de vol. Béthouart, qui est acquis à la cause alliée, sera averti trop tardivement pour mettre en place son dispositif dans les meilleures conditions. De plus, il se heurtera à l'incompréhension de Noguès et de Michelier. Tandis que Béthouart et son état-major sont arrêtés et transférés à la prison de Meknès en vue d'être traduits en conseil de guerre, les troupes américaines éprouvent certaines difficultés à s'établir et à progresser sur le territoire marocain.

La garnison de Fédala exécute l'ordre du général Béthouart et n'oppose aucune résistance au débarquement du groupe centre. En fin de journée, 8 000 hommes et tous les chars américains forment une solide tête de pont. A Mehdia, la réaction française est plus vive et la situation du groupe nord est préoccupante au soir du 8 novembre. Le groupe sud, malgré la défense des batteries côtières, parvient à décharger ses chars dans le port de Safi où l'a précédé un commando qui s'est assuré des installations militaires. Dans l'après-midi, une contre-attaque appuyée par quelques chars Renault est repoussée et, dans la soirée, la résistance française cesse. La tête de pont américaine s'établit alors normalement sur une profondeur de 4 kilomètres.

Tandis que le cessez-le-feu est proclamé à Alger dans l'après-midi du 8 novembre, les combats se poursuivent au Maroc et à Oran ; Vichy commande d'organiser un théâtre d'opération Maroc-Oranie sous les ordres du général Noguès. Néanmoins, malgré des retards et des problèmes de navigation dûs aux marées, le débarquement des troupes et du matériel s'intensifie, de sorte qu'à part Mehdia, la situation au matin du 9 novembre est dans l'ensemble conforme aux prévisions. Toutefois, aux approches de Casablanca le groupe centre va se heurter à la division dont le général Desré a pris le commandement en remplacement du général Béthouart. Patton préfère consolider ses appuis et remettre son attaque au 11 novembre. En bien d'autres points, la réaction française est assez molle ; les ordres de Béthouart ont finalement porté. Dans la matinée du 10 novembre, un audacieux coup de main du destroyer "Dallas", avec le pilote français Lavergne à sa barre, est lancé dans l'oued Sebou. Un commando est débarqué, appuyé par l'artillerie du "Dallas", et vient à bout de la garnison de Mehdia. A midi, les premiers avions américains se posent sur la base de Port-Lyautey. Dans le secteur de Safi, le groupement blindé du groupe sud atteint Mazagan et se prépare à participer le 11 novembre à l'offensive Patton.

Entre-temps, l'amiral Darlan - invité surprise à Alger -, qui a pris le commandement en chef des forces françaises d'Afrique du Nord, envoie un message de cessez-le-feu à Noguès dans la journée du 10. Noguès réclame confirmation et le commandant Dorange est dépêché d'Alger par avion avec un ordre écrit. Dorange est contraint de se poser à Oujda d'où il téléphone à Casablanca à 17 heures 30. Le cessez-le-feu sera finalement proclamé le 11 novembre à 7 heures 30. Patton immédiatement prévenu annule la préparation d'artillerie qui devait précéder son offensive.

La bataille de Casablanca s'achevait ; son bilan était lourd. Il eût pu être plus sévère si la résistance militaire opposée à l'entêtement de Noguès n'avait évité le pire. La flotte française était hors de combat avec le "Jean Bart" reposant sur le fond du port, le croiseur "Primauget" coulé avec 5 sous-marins et 6 torpilleurs. On ne déplorait pas moins de 462 officiers et marins tués et près de 600 blessés. L'armée de terre comptait environ 1400 tués et blessés. Une vingtaine d'avions avaient été détruits. Les pertes terrestres américaines étaient du même ordre, mais les pertes navales étaient minimes.

Aller à l'article : Débarquement Allié en Afrique du Nord 

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