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Un déni de citoyenneté : les Harkis

Écrit par Anonyme. Associe a la categorie Autour de la Guerre d'Algérie

Quand le roman à portée autobiographique de Saïd Ferdi, Un enfant dans la guerre, paraît en 1980, Michel del Castillo publie une courte critique dans les Nouvelles littéraires : Saïd Ferdi, égaré dans son délire, coupé de ses racines, est l'un parmi ces dizaines de milliers de pauvres bougres que la France a entraînés dans sa défaite. Méprisés par les vainqueurs, oubliés des Français, ils croupissent dans leur solitude.

La dureté de ces phrases expriment toutefois une triste réalité, celle de ces "faux oubliés de l'histoire" que personne ne veut assurer. Avec la fin de la guerre d'Algérie et le désarmement des harkas au cessez-le-feu officiel de mars 1962, les musulmans profrançais se trouvent devant un choix terrible : le départ vers la France signifiant l'abandon quasi définitif de la terre natale, ou l'affrontement d'une "justice algérienne" qui avait manifestement déjà jugé ces "collaborateurs" au mieux, au pire ces "traîtres". Les Harkis, terme générique impropre sans doute, deviendront dès la fin de la guerre d'Algérie des témoins gênants pour la France et pour l'Algérie. L'abandon et le massacre des Harkis, s'ils provoquent un fort malaise dans l'armée française, passeront inaperçus aux yeux des Français. Une chape de silence les enferme dans une non histoire, dans un refus de la mémoire. Reconnaître, en Algérie, l'histoire des musulmans profrançais revient à relativiser "l'élan du peuple uni" sous la bannière du FLN contre le colonisateur. Mieux vaut là-aussi s'abandonner à l'oubli et à se mettre à l'écriture d'une histoire officielle...

 

... Le camp, passage obligé, reste avec la mémoire des massacres, l'autre élément identitaire des harkis. Dans une certaine mesure, la mémoire collective va s'approprier cet espace de transit. Si les massacres et les difficultés du rapatriement ont ancré dans les mémoires la trahison et le mensonge de la France, ce lieu éphémère va cristalliser le sentiment d'abandon. Plus de 20 000 hommes, femmes, enfants, vieillards passent par Rivesaltes ou Saint-Maurice l'Ardoise. 55 000 passeront par l'ensemble des camps d'hébergement ou par les centres de reclassement entre 1962 et 1966!

C'est que la France a mis au point un système qui vise en même temps que "protéger les harkis" à les exclure de toute vie sociale par la marginalisation....

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