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Les mines de fer de l'Ouenza et de Bou-Khadra

Écrit par André Lebert. Associe a la categorie Exploitation du Sous-Sol

 

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 Ouenza. Chargement du minerai de fer sur wagons

 

La société de l'Ouenza fut créée en 1913 pour l'exploitation des mines de fer de l'Ouenza et, en 1925, elle devient concessionnaire du gîte de Bou-Khadra. À l'origine son capital social s'élevait à 114 millions.

Le massif de l'Ouenza (1 280 m) est situé dans l'ancienne commune mixte de Morsott, à 160 km du port de Bône et à 20 km de la frontière tunisienne. La mine était reliée au port d'embarquement par une voie ferrée normale électrifiée de 190 km.

Le minerai de fer est une hématite titrant 54 % de fer, plus 2 % de manganèse (étage aptien du crétacé). L'ensemble des gîtes reconnus constituait une réserve de plus de cent millions de tonnes.

Les conditions de recouvrements calcaires et marneux ont permis l'exploitation à ciel ouvert de la presque totalité du minerai. Les mines étaient forées au marteau pneumatique et la force motrice fournie par la centrale électrique de Bône.
La production commencée en 1921 était arrivée progressivement à une cadence de deux millions de tonnes par an, quinze millions de tonnes de minerai avaient été enlevés de 1921 à 1943.

À Bône, la société disposait d'un quai de quatre cents mètres et de terre-pleins de stockage de 450 000 tonnes. La presque totalité des installations fut détruite en décembre 1942 par les bombardements de l'ennemi. La société entreprit la reconstruction de tout l'ensemble définitif capable d'embarquer trois millions de tonnes par an, avec un parc de stockage d'un million de tonnes.

Les deux principaux clients de l'Ouenza étaient l'Angleterre et l'Allemagne, à parts sensiblement égales. La France ne venait qu'ensuite, en raison des difficultés de fret et de transport d'une part, et du fait de l'utilisation du minerai de Lorraine d'autre part, le minerai de l'Ouenza étant utilisé pour la fabrication d'aciers spéciaux. Les autres clients étaient la Belgique, l'Italie, la Pologne, les U.S.A. et le Canada.

Quand la mine fonctionnait à plein, elle représentait une agglomération de quatre cents Européens (maîtrise et ouvriers spécialisés) et trois mille cinq cents ouvriers musulmans. C'était un véritable centre de peuplement, situé en zone frontière. Cette main-d'oeuvre était d'ordinaire recrutée à plusieurs sources: recrutement local (douars environnants, Tunisie), El Oued (Soufis), Petite Kabylie, Maroc. Durant la guerre, pour palier l'insuffisance des effectifs, la société avait dû employer deux cent trente prisonniers de guerre italiens.

En 1943, les Musulmans représentaient la totalité de la main-d'œuvre non spécialisée. La journée de travail était de huit heures. Au salaire s'ajoutaient des indemnités pour charge de famille avec, de surcroît, des primes d'assiduité.

Les cadres de la mine avaient un salaire variable suivant qu'ils travaillaient sous le régime de la semaine de quarante heures ou sous celui de la semaine de quarante-huit heures; même principe pour les employés de bureau.

Les Européens et les Musulmans étaient logés, éclairés au prix de 0,35 F le kw et alimentés en eau par une canalisation en fonte (source de Chernia). Le ravitaillement était assuré par le service de l'économat.

Sur le plan de la sécurité, la mine possédait vingt gardiens armés. Un groupe scolaire de six classes recevait deux cents élèves. La mine disposait d'un pavillon médical dirigé par un médecin-chef et un médecin adjoint, secondés par une sage-femme et des infirmiers. Le culte catholique était assuré par un curé, le culte protestant par un pasteur. Pour le culte musulman la construction d'une mosquée avait été entreprise. Le cinéma, donné deux fois par semaine, percevait une taxe d'entrée de 1 F et 0,50 F.
La société de l'Ouenza avait d'ailleurs prévu nombre d'améliorations sur le plan de l'alimentation en eau, sur celui des constructions et des soins médicaux. Pour ce qui concerne les loisirs, ajoutons l'existence d'un terrain de sport, de deux courts de tennis, de deux cafés maures et d'un café-hôtel.
En ce qui concerne les associations à caractère politique, on se doit de citer : le syndicat confédéré des mines de l'Ouenza, la France combattante, Combat, Parti communiste, Anciens combattants.

André Lebert

In l'Algérianiste n°94 de juin 2001

N.D.L.R. : " En 1954, ces mines ont produit 2 180 000 tonnes avec un personnel d'environ 2 500 ouvriers " (" L'économie de l'Algérie ", R. Gendarme, Armand Colin, 1959). C'est le minerai d'Ouenza qui a permis la création d'un complexe sidérurgique à Bône - l'Allelik dans le cadre du plan de Constantine (1960).

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