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François Arago en Algérie (1807-1809)

Écrit par Robert Laffite. Associe a la categorie Période Islamique

 

On a souvent oublié qu'un grand savant français Arago, qui fut secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences, navigant vers Marseille, fut jeté par la tempête, à Bougie, à la fin de l'année 1807. Il se rendit alors à Alger à travers la Kabylie après s'être déguisé en musulman pour échapper au fanatisme des populations. Il fut reconnu et, pour se tirer de cette situation difficile, il déclara qu'il voulait se convertir à l'Islam et allait à Alger suivre les enseignements du mufti de cette ville. Pour convaincre ses auditeurs kabyles, imitant ses compagnons, il joignit le geste à la parole : il pria en se prosternant avec les reka habituelles et en prononçant la profession de foi musulmane.

" la Illaha illa Allah ou Mohammed rassoul Allah ". Et ajoute-t-il dans ses souvenirs : " c'était la scène du Mamamouchi dans le Bourgeois Gentilhomme que j'avais vu jouer souvent, mais cette fois elle ne me fit pas rire ".

Arago a raconté avec beaucoup de verve comment en 1807 alors qu'il terminait aux Baléares des travaux de géodésie, il fut contraint de fuir les troubles créés par la situation insurrectionnelle due à la nomination de Joseph Bonaparte comme roi d'Espagne. Robert Laffitte nous résume en quelques pages les aventures de l'astronome en Espagne et en Algérie où le cocasse succède au tragique et à l'extraordinaire dans les aventures de celui qui fut un très grand savant.

François Arago naquit en 1786 à Estagel, dans les Pyrénées Orientales ; il fut élève de l'école primaire de sa ville natale puis du collège de Perpignan. Son goût pour les mathématiques le poussa à préparer polytechnique où il fut reçu premier. A l'école il se distingua si vite et si bien qu'avant même la fin de la deuxième année d'études il fut affecté à l'Observatoire de Paris, dont il deviendra plus tard, un directeur rapidement connu des milieux savants du monde entier.

Entre temps notre jeune astronome avait été désigné pour poursuivre les travaux de mesure des méridiens de Paris interrompus au sud des Pyrénées, en Catalogne. Ceux-ci avaient été décidés par la Convention pour servir à la définition du mètre.

Cette nouvelle unité de mesure devait représenter la dix millionième partie du quart du méridien terrestre.

C'est ainsi que François Arago dut effectuer des travaux de géodésie de haute précision, d'abord en Espagne, dans la province de Valence, et, de là, vers les Baléares où passe le méridien de Paris.

Ses travaux s'achevaient là, lorsqu'il fut, en mai 1808, surpris par les troubles dus à la nomination de Joseph Bonaparte comme roi d'Espagne. A Majorque, une situation insurrectionnelle se manifesta tandis qu'Arago se trouvait près du pic de Galatzo, un sommet d'un peu plus de 1 000 m, au Sud Ouest de la Sierra de Majorque. Prévenu, il se rendit aussitôt à pied vers Palma, la capitale de l'île. En route, il croisa une troupe d'émeutiers venue pour l'arrêter et peut-être lui faire un mauvais sort. On ne le reconnut pas et on lui demanda s'il n'avait pas aperçu le Français. Comme le parler majorquin est du catalan, Arago put répondre affirmativement, et les expédia là d'où il venait, continuant son chemin vers Palma sans avoir été reconnu. Là, pour assurer sa sécurité contre les émeutiers, il put se faire enfermer dans le vieux château des anciens rois de Majorque transformé en prison. Tandis qu'il allait vers ce qui allait être sa résidence forcée " la populace m'aperçut, se mit à ma poursuite, et ce ne fut qu'avec beaucoup de peine que j'atteignis Belver sain et sauf. Je n'avais, en effet, reçu dans ma course qu'un léger coup de poignard à la cuisse. On a vu souvent des prisonniers s'éloigner à toutes jambes de leur cachot ; je suis le premier, peut-être, à qui il a été donné de faire l'inverse. Cela se passait le 1er ou le 2 juin 1808 ". (p. 85) (1, voir note en fin d'article).

Arago resta enfermé là près de deux mois, mais grâce à une barque de pêche, il put s'enfuir le 29 juillet et arriva à Alger le 3 août 1808, échappant peut-être au pire car les journaux avaient, anticipant sur les événements, écrit " Relacion de la ahorcadura del senor Arago, littéralement : Relation du supplice de M. Arago ". (p. 86)

Arrivé à Alger le 3 août 1808 Arago put, malgré quelques incidents lors de son débarquement, rejoindre le consul de France qui le reçut avec beaucoup " d'aménité " dans sa résidence, ancienne propriété du Dey près de la porte de Bab- Azoun. Il lui permit de trouver un passage sur un bateau partant pour Marseille sur lequel il put embarquer au bout de dix jours seulement. La navigation étant peu sûre pour un Français, non loin des côtes espagnoles à cette époque troublée, le consul avait pris la précaution de procurer à Arago, grâce à l'obligeance du consul d'Autriche, un vrai faux-passeport autrichien. Le navire appartenait à un émir influent ; il était faiblement armé de canons de petit calibre ; il était commandé en titre par un dénommé Braham Ould Mustapha, et en fait par un capitaine grec du nom de Spiro Calligero. II avait parmi ses passagers un groupe de juifs d'une famille influente et deux Marocains marchands de plumes d'autruche. Il transportait aussi deux lions et des singes que le Dey offrait en hommage à Napoléon et une riche cargaison.

Le bâtiment appareilla le 13 août 1808 et au cours d'une navigation heureuse il rencontra au large de la Sardaigne un navire américain qui sortait de Cagliari ; un coup de canon avertit le capitaine de venir se faire reconnaître mais quoiqu'il fut parfaitement en règle, il fut " rançonné " et dut remettre aux Algérois du thé, du café et du sucre. Incident sans importance mais qui montre qu'en ce temps-là les rapports de force entre nations n'étaient pas ce qu'ils sont aujourd'hui!

Le 16 août le bâtiment était déjà dans le golfe du Lion et proche de Marseille, lorsqu'un bateau corsaire espagnol de Palamos au nord de Barcelone, leur intima l'ordre de les suivre, ordre appuyé par un boulet de 24 qui traversa les voiles. Ils furent conduits à Rosas petit port espagnol situé juste au sud du Cap Creus, à moins de 25 km de la frontière française. Le prétexte était que le navire voulait rompre le blocus de la côte française décrété par les Espagnols ; la raison était. qu'ils auraient voulu prendre possession de la cargaison et pour cela ils voulaient montrer qu'Arago en était le propriétaire ! Celui-ci ayant excipé de son passeport autrichien, notre astronome gagna du temps et comme le juge sceptique lui dit qu'il devait être espagnol de Valence à cause de son accent, Arago arriva à se faire reconnaître comme d'Ibiza par un soldat natif de cette île. Pour cela, il chanta, avec un bon accent véridique, une chanson de berger connue dans l'île. Puis il se fit passer comme " tiritero " (joueur de marionnettes) et autres fantaisies. Il s'amusa à se faire passer comme natif de Cadaquès ; il y réussit si bien qu'une habitante de ce village crut reconnaître en lui son propre neveu parti fort jeune en Amérique. Et elle lui fit parvenir des repas confortables qui furent les bienvenus car, si les autorités espagnoles lui faisaient parvenir du pain et du riz, les soldats préposés à sa garde ne lui avaient donné aucun moyen pour le faire cuire et il avait souffert de la faim. Il avait même dû vendre sa montre pour subsister ! On n'en finirait pas de raconter toutes ses misères car il fut prisonnier dans des souterrains obscurs et d'autres fois sur des pontons.

Heureusement, Arago était inventif et avait plusieurs cordes à son arc. Il avait pu faire prévenir le Dey d'Alger que ses cadeaux pour l'Empereur étaient retenus indûment. Le Dey mécontent de ce que ses lions fussent prisonniers des Espagnols protesta et le bateau, avec tout son chargement, équipage, lions et singes et, de surcroît, les passagers, fut libéré. Et le 28 novembre le cap fut mis sur Marseille, toute proche et, écrit Arago : " Nous apercevions déjà les bâtisses blanches qui couronnent les collines voisines de Marseille, lorsqu'un coup de mistral d'une violence extrême nous poussa du Nord au Sud ". (p. 115). Et " au moment où nos inhabiles pilotes se prétendaient par le travers des Baléares nous abordions le 2 décembre à Bougie ". (p. 116)

Peu rassuré dans cette ville " alors presque déserte " (p. 116), ne désirant pas affronter les aléas redoutables d'un voyage en hiver sur une côte hostile, Arago se décida pour un voyage vers Alger par terre, à travers la Kabylie. Il s'entendit pour cela avec un marabout qui accepta de le " conduire à Alger pour la somme de vingt piastres fortes et un manteau rouge ". (p. 117) La journée du lendemain fut employée à se déguiser et il partit avec quelques matelots turcs de l'équipage du navire, désireux de rentrer à Alger. Ainsi notre astronome espérait passer inaperçu parmi les musulmans.

Passons sur les difficultés du voyage, telles que la rencontre dans la forêt d'un lion qui effraya tout le groupe lequel ne marcha que précédé d'un homme armé d'un fusil et toujours sur le qui-vive et suivi par un autre, également armé et sur ses gardes. Passons aussi sur les altercations avec les habitants, qui n'empêchèrent pas notre astronome de remarquer une femme qui, quoique sortie de sa maison comme une furie était, dit-il : " blonde, d'une blancheur éclatante et fort jolie ". (p. 121) Et un soir où il avait couché avec ses compagnons de route dans un caravansérail, il fut réveillé au lever du soleil par les cris de " Roumi " vociférés par l'assistance, ce qui, lui dit un des matelots turcs nommé Mehemet, était, dans ces circonstances, une menace de mort! Il avait malgré son déguisement été reconnu. Heureusement, il fut sauvé grâce au subterfuge imaginé par ce même matelot ; celui-ci raconta aux Kabyles que ce Roumi touché par la grâce voulait se convertir à l'Islam et allait à Alger pour se faire instruire dans la religion du prophète. Et, entrant dans le jeu, il prouva ses bonnes intentions en se joignant à la prière de ses compagnons de route, imitant servilement leurs gestes, y compris les reka - les prosternations rituelles - ! Il nous raconte lui-même : " Je sortis en effet et, me prosternant vers l'Orient, j'imitais servilement les gestes que je voyais faire autour de moi, en prononçant les paroles sacramentelles : La elah ill' Allah ! ou Mohammed raçoul Allah ! C'était la scène du Mamamouchi du Bourgeois Gentilhomme, que j'avais vu jouer si souvent par Dugazon, avec la seule différence que, cette fois, elle ne me faisait pas rire ". (p. 122).

Malgré les dangers, le voyage se termina bien à Alger le 25 décembre 1808. Cela parut incroyable aux janissaires qui gardaient le palais du Dey qui demandèrent d'où ils venaient : " Nous répondîmes que nous venions de Bougie, par terre. Ce n'est pas possible ! s'écrièrent les janissaires tout d'une voix ; le Dey lui même n'oserait pas entreprendre un pareil voyage " ! (p. 123).

Arago fut à nouveau très bien reçu par le consul de France et dut faire un long séjour à Alger en attendant de trouver un moyen aussi sûr que possible pour traverser une Méditerranée très troublée. Et lorsqu'il rédigea ses souvenirs vers 1850, il rassembla " quelques détails de mœurs qui pourront intéresser comme le tableau d'un état antérieur à celui de l'occupation de la Régence par les Français ". (p. 127) Il note d'abord que, depuis son premier passage à Alger, l'ancien dey avait été décapité, peut-être parce qu'il était trop énergique, et on lui donna pour successeur un homme qui " remplissait antérieurement dans les mosquées l'humble office d'épileur de corps morts. Il gouvernait la Régence avec assez de douceur, ne s'occupant guère que de son harem. Cela dégoûta ceux qui l'avaient élevé à ce poste éminent..." (p. 125) et le malheureux fut pendu. Mais la règle voulait que tout ce qui se passait entre la mort d'un dey et l'intronisation de son successeur ne pouvait pas être traduit en justice. Cela eut pour conséquence le fait que " les fils de Moïse cherchaient leur sûreté dans les maisons consulaires... qui avaient un janissaire pour les garder " (p. 126) car il était rigoureusement interdit aux Juifs de posséder des armes... même pour se défendre !

Arago : " en voyant avec quelle facilité les deys disparaissaient, je dis un jour à notre janissaire : Avec cette perspective devant les yeux, consentiriez-vous à devenir dey ? Oui, sans doute, répondit-il. Vous paraissez ne compter pour rien le plaisir de faire tout ce qu'on veut, ne fût-ce qu'un seul jour ! " (p. 129)

Il fut aussi étonné de voir jusqu'où la passion politique pénétrait. Il y avait dans l'un des bagnes d'Alger des esclaves napolitains, partisans les uns de Murat les autres du prince Ferdinand de Naples. Le consul de France fut invité à s'y rendre : " Les amis des Français et leurs adversaires se livraient un combat acharné; déjà plusieurs avaient succombé. L'arme avec laquelle ils se frappaient était la grosse et longue chaîne attachée à leurs jambes ". (p. 128)

Arago évoque aussi la nature brutale des janissaires en racontant, à propos de celui qui était affecté au consulat de France et était surnommé la Terreur il avait un courage de bête fauve et, des personnes " ayant entendu un coup de pistolet dont le bruit partait de sa chambre, on accourut, et on le trouva baigné dans son sang; il venait de se tirer une balle dans le bras pour se guérir d'une douleur rhumatismale ".(p. 129)

Il raconta aussi : " lorsqu'on voulait circuler dans la ville d'Alger, on se faisait généralement escorter par le janissaire attaché à la maison consulaire; c'était le seul moyen d'échapper aux insultes, aux avatars et même à des voies de fait Je viens de dire que c'était le seul moyen ; je me suis trompé, il y en avait un autre, c'était d'aller en compagnie d'un lazariste français âgé de soixante-dix ans, et qui s'appelait, si j'ai bonne mémoire, le père Josué ; il résidait dans ce pays depuis un demi-siècle. Cet homme d'une vertu exemplaire s'était voué avec une abnégation admirable au service des esclaves de la Régence, abstraction faite de toutes considérations de nationalité. Le Portugais, le Napolitain, le Sicilien, étaient également ses frères.

Dans les temps de peste, on le voyait jour et nuit porter des secours empressés aux Musulmans ; aussi sa vertu avait vaincu jusqu'aux haines religieuses ; et partout où il passait, lui et les personnes qui l'accompagnaient recevaient des gens du peuple, des janissaires, et même des desservants des mosquées, les salutations les plus respectueuses ". (p. 129-130)

II n'est pas possible de citer tous les faits que signale le savant français, sinon prisonnier, tout au moins assigné à résidence par le Dey. Observateur impartial, il nous donne certainement le meilleur tableau que nous possédions de la vie à Alger dans les années qui précédèrent le débarquement des Français en 1830. Mais revenons à son départ vers la France. Il fut retardé parce que, en février 1809, le Dey successeur de l'épileur de morts, peu après être entré en fonction, réclama deux à trois cent mille francs qu'il prétendait être dus par la France, mais le refus du gouvernement de l'Empereur rendit le Dey furieux et il décida de déclarer la guerre à notre pays. L'usage voulait que dans ce cas les nationaux du pays auquel le Dey s'attaquait fussent réduits à l'esclavage ! Ce sort fut évité au physicien français, car le consul de Suède voulut bien se porter garant pour Arago, et obtint l'autorisation de l'héberger dans sa maison de campagne située près du fort l'Empereur. Ce conflit dura jusqu'au jour où un juif d'Alger nommé Bakri se décida à payer la somme due par la France sur le conseil de notre Consul. Celui-ci avait prévenu le commerçant israélite que ses marchandises en route pour Marseille seraient saisies à leur arrivée puisqu'elles étaient propriété d'un pays ayant déclaré la guerre à la France. L'argument était sans réplique. L'état de guerre, qui n'avait entraîné aucun engagement militaire, cessa et l'autorisation de partir fut immédiatement accordée à Arago qui s'embarqua pour Marseille dans un bâtiment sur lequel prit place le consul de France et qui appareilla d'Alger le 21 juin. Le voyage se poursuivit normalement tout au long du parcours, mais le bateau fut rejoint en vue de Marseille par une frégate anglaise qui faisait partie d'un groupe de navires exerçant un blocus sur les côtes françaises. Cependant, le navire algérois put échapper aux Anglais et le 2 juillet 1809 Arago débarqua à Marseille au Lazaret, après plus de trois années d'absence. A peine plus d'un an avait été employé par des travaux de géodésie et les deux autres années furent occupées par les péripéties d'un voyage, ô combien mouvementé, de Palma en France... !

Après la quarantaine réglementaire, Arago enfin libre, se rendit " à Perpignan, au sein de (sa) famille, où (sa) mère, la plus respectable et la plus pieuse des femmes, fit dire force messes pour célébrer (son) retour, comme elle en avait demandé pour le repos de mon âme, lorsqu'elle le croyait tombé sous le poignard des Espagnols ". (p. 145)

Puis il regagna Paris où il put déposer au Bureau des longitudes le résultat de toutes ses mesures qu'il avait conservées soigneusement comme son bien le plus précieux, pliées sur des feuilles placées sur son corps, sous ses vêtements. Il venait de terminer, dit-il, dans des circonstances très difficiles, la triangulation la plus grandiose qu'on eût jamais exécutée pour prolonger la méridienne de Paris au-delà de Barcelone et jusqu'à l'île de Formentera.

Peu après Arago fut triomphalement élu à l'Académie des Sciences dont il devint plus tard le secrétaire perpétuel. Ses travaux d'astronomie, de physique et de géodésie lui donnent une place de tout premier plan parmi les scientifiques du XIXe siècle.

Sur ses vieux jours, il rédigea les " Souvenirs de jeunesse " dont les lignes ci-dessus tentent de donner une idée. Ce petit livre charme le lecteur par la simplicité du récit, sincère et réaliste. Et Arago ne se plaint jamais des conditions souvent très pénibles dans lesquelles il se trouva; on ne les découvre que çà et là, par exemple quand il raconte que lorsqu'il voulut " faire ses adieux aux singes ", qui, pendant près de cinq mois, avaient été mes compagnons d'infortune. Ces singes, dans notre affreuse misère, nous avaient rendu un service que j'ose à peine mentionner, et dont ne se doutent guère les habitants de nos cités, qui prennent ces animaux comme objet de divertissement : ils nous délivraient de la vermine qui nous rongeait, et montraient particulièrement une habileté remarquable à chercher les hideux insectes qui se logeaient dans nos cheveux ". (p. 118)

Enfin, on notera qu'en plus de ses qualités incomparables de savant, Arago fut un homme de caractère. Un seul exemple : élève à l'Ecole polytechnique, il refusa de prêter serment à Napoléon ler comme l'exigeait le règlement en vigueur à ce moment et, plus tard, il refusa cette fois-ci en tant que membre de l'Institut, de prêter serment à Napoléon III. Il fut sans doute le seul homme à avoir refusé de prêter serment aux deux empereurs !

Robert Laffite

 

(1) Les citations du livret d'Arago intitulé : Histoire de ma jeunesse se rapportant aux pages de la première édition de cet ouvrage publié en 1854, à Bruxelles et à Leipzig car Arago était foncièrement républicain et avait fait partie du gouvernement provisoire de la République après la chute de Louis-Philippe en 1848 ; il n'était plus en odeur de sainteté sous le Second Empire. On notera qu'il avait été chargé du ministère de la guerre dont dépendait l'Algérie en 1830. Cependant dans le petit centre qui fut baptisé Arago au Nord-Ouest de Constantine, près d'El Milia, rien ne rappelait le souvenir du grand savant... sauf ce nom du village, mais celui-ci, débaptisé après 1962 se nomme aujourd'hui Bordj Ali.

In l'Algérianiste n° 74 de juin 1996

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