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L'école française en Algérie, de 1839 à 1962

Écrit par Anonyme. Associe a la categorie Primaire

C'est le thème d'un ouvrage qui devrait paraître d'ici peu, ouvrage qui est l'aboutissement des travaux menés à bien par le Groupe d'études et recherches du Cercle algérianiste et de l'Amicale des anciens instituteurs et institutrices d'Algérie.

Avant 1830, seules existaient, en Algérie, des écoles coraniques qui avaient pour but essentiel l'enseignement de l'écriture et de la grammaire arabes afin de faciliter l'étude du Coran.

Dans l'évolution de l'école française en Algérie, nous distinguerons plusieurs périodes :

1830-1840. — Ecoles d'enseignement mutuel

C'est à M. Genty de Bussy, intendant civil de la Régence en 1832, que nous devons la création de ces écoles. Le principe en est relativement simple : « Mêler sur les mêmes bancs Européens et Maures, les premiers apprenant le français aux seconds, les seconds apprenant l'arabe aux premiers. »

Le 31 août 1837, le journal El Akbar fait connaître les effectifs : le nombre des élèves est de 1.104, se décomposant ainsi : 862 Européens, 130 Maures, 27 Juifs et 85 Juives (Klein, les Feuillets d'El-Djezaïr).

C'est pratiquement un échec.

1836-1850. — Ecoles maures-françaises

L'enseignement y est donné par deux maîtres. L'un français enseigne les matières de base, le second, musulman, dispense l'arabe et la religion de l'Islam.

A noter, à cette époque, l'ouverture d'une école-ouvroir, destinée aux fillettes musulmanes et qui aura un grand prestige. Cette école-ouvroir de Mme Luce fonctionnera jusqu'en 1922.

1848-1865. — Ecole arabe-française

La Seconde République introduira la gratuité de l'enseignement et sup­primera l'enseignement coranique.

Là encore, deux maîtres sont présents : le maître adjoint arabe ensei­gnera le Coran, limité à son aspect linguistique, l'autre, français, enseignera les matières de base mais devra les traduire en arabe, d'où la nécessité d'avoir recours au maître adjoint comme interprète.

Ces écoles devaient être installées dans les régions complètement paci­fiées. Dans les autres régions, on essaie de rénover l'enseignement cora­nique
.

1865-1880. — Ecoles arabes-françaises

Après la visite de Napoléon III en Algérie, et dans le cadre d'une fusion qui lui est chère, on réforme les écoles arabes-françaises :

- en calquant leurs programmes sur celui des écoles métropolitaines ;
- en faisant une part plus importante à la langue arabe et en réintroduisant l'enseignement islamique.

Parallèlement, on déclare ouvertes aux enfants musulmans les écoles communales françaises.

1880-1944

Pour les Européens, il n'y a pas de problème, c'est l'application pure et simple des lois sur l'enseignement primaire laïc, gratuit et obligatoire, les écoles communales créées étant ouvertes aux enfants de toutes confes­sions
.

Pour la masse autochtone, on se rend compte qu'il faut adapter les programmes et les maîtres. C'est aussi une façon de faire taire les détrac­teurs
.

C'est la naissance de l'enseignement des indigènes, qui sera appelé enseignement B avant d'être fusionné avec l'enseignement des Européens en 1949.

C'est la création d'un Cours normal qui deviendra la Section spéciale de l'Ecole normale d'Alger-Mustapha avant d'être transférée à Bouzaréah.

Au rôle pédagogique qui est le sien, le maître ajoutera un rôle médical, social et professionnel extrêmement important.

L'hostilité de la population musulmane s'estompe et, après la Grande Guerre, l'école ne pourra plus faire face à la demande de scolarisation.

1944

Il sera alors établi un plan de scolarisation totale étalé sur vingt ans. Un tableau avait paru dans le journal l'Essor de l'Algérie, publié en 1949 par le Gouvernement Général. Il contenait deux erreurs : le nombre des enfants à scolariser était sous-évalué et l'évolution démographique n'était pas prise en compte.

1958

Ce plan sera complété par un plan accéléré de scolarisation en huit ans. Pour être complet il faudrait évoquer l'éducation de base (2) chère à l'UNESCO et les Centres sociaux, créés en 1955.

Ce court article ne parle ni de l'enseignement du second degré, ni de l'enseignement supérieur (et ce pourrait faire l'objet d'un autre numéro de L'Algérianiste). Il n'évoque ni l'hostilité pour des raisons religieuses de certains milieux musulmans, ni l'hostilité financière de certains milieux algériens ou de députés métropolitains, ni l'approbation des milieux favorables pour qui « après le pain, l'instruction est le premier besoin du peuple » ou, comme on nous l'enseignait aux écoles normales de Bouzaréa : « Une école qui s'ouvre, c'est un phare de la civilisation qui s'allume. » Enfin, il n'évoque pas l'indifférence congénitale de l'immense majorité de la métropole.

Avec une documentation précise, M. Saurier, ancien élève, puis professeur de l'Ecole normale de Bouzaréa, développe admirablement ce thème dans le premier chapitre intitulé « Esquisse de l'évolution de l'enseignement primaire » du livre à paraître du G.E.R. Enseignement. Livre qui s'appellera : Des enseignants se souviennent...

In l’Algérianiste n° 14 de mai 1981

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