Hippolyte Lazerges
Narbonne 5 juillet 1817 - Mustapha (Algérie) 24 octobre 1887
Hippolyte Lazerges est né à Narbonne le 5 juillet 1817. Très tôt il fit preuve d'un don d'observation exceptionnel et d'un goût très prononcé pour le dessin. Son départ pour l'Algérie, où son père artisan boulanger partit s'installer dès 1830, lui permit d'affirmer et de développer ses prédispositions naturelles.
En 1838, réformé, il s'installe à Paris contre la volonté paternelle. Menant une vie misérable, il poursuit cependant sa formation. Élève de l'atelier du grand statuaire David d'Angers, il progresse rapidement et confirme ses aptitudes. Son premier envoi au salon en 1840 sera un portrait.
D'une grande sensibilité, fragile et rêveur, il se tourne ensuite vers la peinture religieuse dans laquelle tout son talent s'épanouit y découvrant un moyen d'expression privilégié. Un état de santé précaire le ramène sous le soleil africain dès 1861. Il retrouve Alger, son climat, ses couleurs, ses souvenirs d'adolescent, sources d'inspiration nouvelles qu'il traduit au travers de toiles orientalistes, intimistes et délicates. Ainsi avec une ardeur sans cesse renouvelée, il toucha, au cours de sa vie, à tous les genres (peinture d'histoire, de genre ou de paysage) avec une même candeur et une même maîtrise sensible, toujours soucieux de la rigueur d'un détail, de la justesse d'une expression.
Musée d'Art et d'Histoire de Narbonne
Il mourut le 24 octobre 1887 à Mustapha. Dans son éloge funèbre, le journal, le "Mois Cigalien", évoquait: " ce beau vieillard aux blancs cheveux, à l'oeil doux et vif, à la figure spirituelle et fine... "
Sur une terrasse aux murs blanchis, d'une grande simplicité, évocation fidèle et réaliste cependant de l'architecture algérienne, une belle jeune femme se détache. Sa silhouette aux formes douces et généreuses s'offre au spectateur dans une attitude sereine et nonchalante qui se prolonge dans le regard lointain, perdu et songeur. Le teint bronzé et les cheveux d'un noir profond s'éclairent au contact d'étoffes soyeuses aux tons chauds. Les bijoux : larges bracelets en argent martelé, lourds colliers incrustés de pierreries, bagues et fibules accentuent encore les contrastes entre la matité de la peau et le chatoiement des tissus. Le bleu du ciel et le châle cramoisi s'opposent en diagonale, encadrant le sujet.
Le peintre réussit là un portrait d'un équilibre parfait, tant dans sa composition que dans l'harmonie chromatique, créant une atmosphère paisible et langoureuse propice à la rêverie, traduisant idéalement son propos.
ANNE BOUSQUET
In l'Algérianiste n° 83 de septembre 1998