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Renée ANTOINE (1896-1988)

Écrit par Raymond FERY. Associe a la categorie Personnages scientifiques

LA VIE EXEMPLAIRE D'UNE FRANÇAISE D'ALGERIE

"L'esprit de Dieu est porté sur les sables"
Ernest Peichari

"Le Sahara fait le tri des âmes,, ceux qui y vont sont déjà triée."
Mgr Mercier préfet apostolique du Sahara

 

La vie de Renée Antoine fut exemplaire à tous égards; d'abord en raison du pays où elle a commencé, l'Algérie des pionniers; ensuite par la grandeur de cet apostolat médicale, accompli pendant plus d'un quart de siècle, dans les conditions les plus difficiles; par la longueur enfin d'une vieillesse, pleine de tourments physiques et moraux, combien immérités !

 

L'Algérie des pionniers :

Lorsque Renée Antoine voit le jour, le 26 juin 1896 à l'Hillil, petit centre de colonisation, créé il y a moins de quarante ans, ne compte encore qu'une cinquantaine de feux, comme on dit alors. Son père, conducteur de travaux des ponts et chaussées, appartient à la classe des défricheurs qui bâtissent un pays nouveau, l'Algérie française.
Mais Renée Antoine n'a pas vécu à l'Hillil. Moins d'un mois après sa naissance, son père a été muté à Mostaganem. Elle y contractera la maladie qui l'immobilisera de longs mois et se traduira par l'ankylose d'un genou, Privée des jeux de son âge, elle aura une première enfance méditative, au cours de laquelle elle fera l'apprentissage de la souffrance et trempera son caractère. Finalement c'est à Inkermann, où elle a passé la plus grande partie de son enfance, qu'elle a découvert le monde qui l'entoure, mais où, jusqu'alors, elle n'a pas eu accès. C'est là, à "la Ferme de l'indépendance" qu'elle trouve, pour la première fois, des compagnons de jeux de son âge, Elle va grandir dans ce milieu de gens simples, courageux, travailleurs, joyeux aussi, mêlés aux indigènes qu'elle ne connaissait pas encore.

Au près de "Maman Guilbaud", elle va connaître le goût de l'effort, elle va apprendre la générosité, l'altruisme.

Lycéenne, puis étudiante et enfin médecins elle viendra régulièrement se retremper dans cette famille de colons. Désormais, parlant et écrivant l'arabe, elle s'intègre aisément dans ce milieu rural, où les deux communautés, la chrétienne et la musulmane, s'interpénètrent beaucoup plus qu'on ne l'a dit et, en tout cas, ont des façons de vivre tout à fait semblables.
Devenue algéroise, elle s'intéressera toujours au sort des musulmans et d'abord à celui des plus pauvres, des plus déshérités d'entre eux, ceux qu'elle soigne quotidiennement à l'hôpital et dans les dispensaires urbains, ceux vers lesquels la conduit son altruisme, dans la Mitidja, puis au Sahara.

 

La nomade de la charité :

L'oeuvre saharienne de Renée Antoine représente incontestablement la meilleure part de sa vie. A Noël 1970, offrant à M. Cassagnau l'ouvrage de Gaston Guigon, "Toubibs du Bled" où tout un chapitre est consacré à la M.O.S. elle écrit cette dédicace : "A mon cousin Marcel, ce livre portera l'écho de la seule vraie joie de ma vie : celle du travail enthousiaste et efficace, au sein de la rayonnante équipe des Français du désert."
Toute sa vie, elle a glorifié le travail, "la loi inéluctable de notre vie terrestre." Pour elle, " l'erreur, disons plutôt le crime, c'est d'avoir enseigné aux hommes que le travail est une malédiction, un opprobre. À la condition de le choisir en harmonie avec ses forces et ses aptitudes, je crois qu'il est la plus sûre source de joies et de joies profondes dans la vie; celles qu'on se procure avec de l'argent sont fugitives et vite affadies par la satiété; celles qu'on arrache dans l'effort, voire la fatigue d'un labeur consenti de toute son âme, laissent en nos coeurs d'inaltérables rayons. Ce qu'il faut apprendre à nos jeunes, c'est, selon le mot de l'Ecclésiaste de " se réjouir dans son travail ". (2)
Ces Français du désert, dont elle parle, elle les connaît. Ce sont les militaires des Territoires du Sud et les missionnaires du Cardinal Lavigerie, Pères blancs et Sœurs blanches, ou encore les Petites sœurs du Père de Foucauld.
Elle a partagé leurs tâches et le poids de leurs soucis. Elle a toujours agi en pleine communion d'idées avec eux. Leur estime, parfois même leur admiration, étaient réciproques. Ne dit-on pas que lorsque la " Toubiba " quittait un poste, mission accomplie, les militaires lui faisaient présenter les armes? Et. elle, le Dr Renée Antoine, a écrit: " Heureux ces beaux médecins du service de santé militaire qui, loin des âpres compétitions de la médecine soi-disant libérale, de toutes leurs forces, de toute leur âme, sans souci des contingences, ni de la tyrannie de nos budgets inéquilibrables du Nord n'ont en vue que de suffire à leur tache admirable. " (3)

 

Renée Antoine épouse le désert :

Lorsqu'en 1934, accompagnée de son père et de Tante Sidonie, elle se rend au M'Zab, à la prière d'un commerçant mozabite, qui la conjure d'aller y opérer sa mère, elle retiendra surtout du désert que ce pays éclatant de lumière, est peuplé de malheureux qui ont perdu la vue. Elle n'aura de cesse d'y retourner pour secourir ces déshérités de l'assistance médicale.
Elle devra attendre 1944 pour qu'une nouvelle occasion lui en soit donnée: Mère Domnin, supérieure des soeurs blanches de Laghouat,, l'ayant appelée au secours des populations ksourienne victimes d'une grave épidémie d'ophtalmie purulente, c'est dans la petite oasis voisine de Tadjmount, que " par une de ces soirées limpides et silencieuses, devait se consommer (sa) première initiation à cette chose saharienne si prenante et s'ébaucher l'attachement vivace qui n'a cessé de croître depuis ".(4)
Renée Antoine parle de " consommation de la première initiation ". Ne dirait-on pas qu'il s'agit d'une nuit de noces? Les " fiançailles " ont donc duré dix ans.
Mais à partir de 1946, ses séjours au désert deviendront fréquents, périodiques. Deux ou trois fois par an, elle viendra y accomplir sa mission, rendre la vue aux aveugles et la conserve, à ceux qui sont menacés de la perdre.
Nul doute que,c'est ici, au Sahara, que naîtra ou, du moins s'affermira toujours plus sa foi chrétienne. Le Père de-Foucau n'a-t-il pas écrit : " Il faut passer par le désert et y séjourner pour recevoir la grâce de Dieu "?
Chrétienne, Renée Antoine l'était par le baptême, qu'elle avait reçu le 21 avril 1897 à Mostaganem. Mais en Algérie, la foi des Européens n'était pas profonde. " Les musulmans, fort religieux, furent souvent choqués par l'irréligion des Français. " (5)
C'est de la fréquentation de Soeur Geneviève, la surveillante du service d'ophtalmologie de l'hôpital de Mustapha, cette religieuse qui " supportait avec une patience compatissante les boutades acérées du Pr Cange, offrant ses épreuves au Seigneur pour la rédemption de son patron " ( Pierre Goinard), que semble dater la conversion de Renée Antoine. Enfant, elle n'avait pas suivi le catéchisme. C'est seulement, alors qu'elle était chef de clinique, qu'elle éprouve le besoin de communier pour la première fois et ce n'est qu'en 1943, que Mgr Mercier, préfet apostolique du Sahara, lui administrera le sacrement de la confirmation, dans la chapelle des pères blancs à El Biar.
Au désert, elle priait chaque jour, s'évéillant à l'aube, car les aurores sahariennes sont admirables et parce qu'elle devait entreprendre sa lourde tache dès les premières heures de la matinée. Elle priait encore après une harassante journée de labeur. Yvonne Pagniez, qui se trouvait à El Oued, en même temps que la " M.O.S. ", en avril 1940, a surpris le Dr Antoine en prière dans la petite chapelle des soeurs blanches, à dix heures du soir, alors qu'elle sortait d'une séance opératoire éprouvante. Ayant assisté à la messe de Pâques célébrée par un père blanc, la romancière parle de ces " robes que couvrira la blouse de médecin ou d'infirmière... de ces (femmes) ayant choisi l'ascèse du désert, brûlées par une soif d'absolu dont l'essence est le don de soi à ce qui nous dépasse. "(6)

Mais Renée Antoine n'est pas une ascète. C'est une femme d'action. Si elle fait preuve constamment d'une grande spiritualité, elle exerce un métier quasi manuel, la chirurgie oculaire. Ses préoccupations sont autant d'ordre moral que social. Lors des journées sahariennes de l'UNESCO, en août 1959, elle s'est adressée aux responsables en ces termes : " Terre d'Islam par excellence, terre du détachement, de la contemplation, de la beauté et de la grandeur, terre de la proximité divine, notre Sahara reste la terre du mystère, de l'inconnu, de la difficulté. Ceux qui, depuis de longues années, plusieurs décades quelquefois, se sont appliqués à le comprendre, restent souvent interdits devant ses réactions. Abordez-le, je vous en conjure, avec précaution et prudence. "
Aurait-elle été elle aussi, fascinée par l'Islam, comme beaucoup de ceux qui ont vécu au désert ? Le Père de Foucauld, lui-même n'avoue-t-il pas: " L'islamisme me plaisait beaucoup, avec sa simplicité, simplicité de dogme, simplicité de hiérarchie, simplicité dé morale " et encore : " Dans les commencements de la foi eut bien des obstacles à vaincre .... Je voulais entremêler des passages du Coran dans mes prières. " (7)
Il ne semble pas que René Antoine ait jamais éprouvé de tels tourments. Elle était pragmatique. Revenue à la religion de sa mère, de sa grand-mères de l'oncle Charles, elle n'éprouvait pas le besoin d.'en changer. Peut-être la condition de la femme dans la société musulmane est-elle pour quelque chose dans cette attitude. Chrétienne, elle a la faculté d'exercer un métier d'homme, de se déplacer parmi les hommes, d'agir en homme tout en ayant accès au gynécée des recluses. Ce qui compte pour elle, avant tout, c'est de pouvoir sauver ces malheureuses que " la vieille routine des marabouts et des ensevelisseuses " condamne, trop souvent, à la cécité faute de soins.

 

La vie publique et les honneurs :

En outre, Renée Antoine a su épouser son temps et se mêler à la société. Elle est devenue conseiller municipal de Draria, la commune du Sahel algérois où se situe Sainte-Odile, sa petite résidence de Kaddous. Là encore, et souvent en payant de ses propres deniers, elle s'intéresse surtout aux questions sociales.
Alors viendront les honneurs. En 1949, le gouverneur général Naegelen lui remettra les insignes de chevalier de la Légion d'honneur et, en 1960, le gouverneur général Jacques Soustelle la rosette d'officier.
Chaque fois, Renée Antoine a tenu à ce que les cérémonies officielles se déroulent avec simplicité. Dans son allocution de remerciements elle répondait, à M. Naegelen : " On a fait ici, à mon sujet, des éloges qui passent certainement mon mérite. On n'a pas de mérite à poursuivre sur sa terre natale l'oeuvre toute de progrès et d'amour que nous ont tracé des parents admirables, on n'a pas de mérites quand on a grandi à l'école de nos splendides équipes: colons, ingénieurs, administrateurs, pédagogues, à faire dans sa sphère de son mieux pour les autres sans se compter pour rien. "
Puis tournée vers l'assistance, elle ajoutait : " Et vous, mes chers amis musulmans, si nombreux aujourd'hui autour de moi, depuis notre éminent caïd, nos sages talebs, jusqu'aux plus humbles parmi mes patients, sachez que la distinction dont on m'honore, je considère maintenant qu'il me reste à la mériter plus complètement, c'est-à-dire à œuvrer avec vous, de toutes mes forces pour que vous retrouviez tous de beaux yeux clairs et indolents. "
Onze ans plus tardt répondant au Dr Passager elle dira : " Cette distinction, je m'efforcerai de la justifier. Avec le concours de ma bonne équipe, nous porterons toujours plus loin et plus haut le rayonnant visage de notre chère France, d'une France juste, ferme, loyale, d'une France inébranlable dans ses généreux desseins, celle que nous ont léguée nos anciens.''
Cet élan patriotique n'est pas un couplet de circonstance. Renée Antoine appartient à cette race des gens de l'Est, si ardemment patriotes. Elle est aussi " la toubiba algérienne " comme elle se qualifie elle-même lorsqu'elle répond à l'appel du Fezzan, de la même manière que ses compatriotes français d'Algérie se disent " algériens ". Comme.elle, ils sont " animés par la volonté d'être Français, jointe au sentiment de 1'être dans des conditions bien spéciales... dont ils sont très fiers ... Ce sentiment qui constituera la base réelle et tangible de leur attachement à l'Algérie française jusque dans ses dernières années. "(8)
Renée Antoine sadressant aux participants des journées sahariennes de l'Unesco, implore: " Faites-moi la grâce, avant tout, d'être convaincus que je ne fais pas de politique, que je ne suis rien en ultra ou en iste et pas suspecte de pas aimer nos Arabes, puisque depuis trente-cinq ans tantôt je leur ai voué toutes les forces de ma vie." Elle dira aussi: "Gauche, droite, connais -pas! Je connais la France! "

 

La fin de l'Algérie française :

On comprend que, dans de telles dispositions de coeur et d'esprit, Renée Antoine ait ressenti, avec une indicible douleur, ce qu'elle a appelé " la fracture ", c'est-à-dire l'abandon de l'Algérie par la France. Avoir placé si haut l'objet de son amour, pour être en fin de compte, si honteusement trahis quel cruel déchirement ! Ses amis de métropole, le Dr Luillier, le Dr Guillaumat, Mme Nicole Bazenet-Klinger auront sûrement compris, en lisant les lettres qu'elle leur a écrites au lendemain de la tuerie du 26 mars 1962 rue d'Iisly dans quel état d'égarement sentimental elle se trouvait alors.
Renée Antoine n'est pas une tiède. Elle est tout au contraire, une passionnée. Elle a tant aimé la Frande, elle aime tant l'Algérie qu'elle ressent leur divorce avec plus de désespoir. Après la colère vient la résignation. Son vieil ami Gaston Guigon, qui la connait de longue date et qui a vécu le même calvaire, constate : " Elle crut pouvoir rester en Algérie après l'indépendance de juillet 1962 et poursuivre sa tâche humaine et charitable. Trois mois lui suffirent pour réaliser l'inanité d'un tel mirage. "(9)

L'exode et l'exil (1963-1988) :

Voici donc Renée Antoine sur les chemins de l'exil. Fin janvier 1963 elle arrive à Aix en Provence, elle s'y fixe, et y finira ses jours vingt cinq ans plus tard. Mais quel long et pénible parcours devrat-elle accomplir au cours de ce quart de siècle qu'elle vivra comme une rédemption !
Le cabinet médical qu'elle ouvrira à Beauregard, dans la banlieue aixoise, l'occupera une dizaine d'années, sans grand profit. Que de soucis, que de charges à assumer pour un bien maigre résultat : la constitution d'une pension de retraite, tout juste décente et, en attendant, les pires difficultés pour joindre les deux bouts.
Finalement, elle s'est décidée à cesser toute activité professionnelle à partir du 1er juillet 1972 - elle a eu 76 ans quelques jours plus tôt et s'est installée en ville d'Aix, dans un appartement où elle reçoit de nombreuses visites, entre les voyages qu'elle effectue, assez fréquemment, vers d'autres amis, éparpillés dans l'hexagone, les séjours.à l'abbaye de Souques et les cures annuelles à Gréoux.
Mais ses soucis n'ont pas disparu pour autant. Elle les confie au Dr Guillaumat, avec lequel elle entretient une correspondance suivie : " Bagarres avec le fisc ... bagarres avec l'URSAF ... bagarres avec sa banque... " et puis elle crie son " écoeurement devant le bourbier dans lequel on patauge "-- une histoire de fausses factures en pleine période d'élections municipales! -- (lettre du 13 février 1983).
Elle se plaint aussi de ses ennuis de santé : Angoisse, inappétence, hypotonie musculaire, douleurs osseuses et articulaires, insomnie .... " Oui mais. conclut-elle, il y a dans tout cela une rédemption abondante, alors remercions sagement et savourons-la ".
Elle exprime, avec effusion, sa reconnaissance à son " Cher ami et précieux consolateur " : il vient de lui offris le livre de Marguerite Castillon du Perron dont Georges Hirtz - si amical et qui l'aide à porter (sa) croix - lui avait parlé avec enthousiasme , huit jours plus tôt. (10) Sa " délicate pensée va dissiper les ténèbres,qui menaçaient de (la) mettre au tapis ". Nouveaux remerciements le 3 mars 1983 : " Combien elles m'ont été douces ces quatre pages de sagesse et du suave et atoxique tranquillisant qui me vient de votre amitié ! Combien réconfortantes les évasions exquises du livre de Mlle Castillon du Perron vers Béni Abbés, aux dunes plantureuses, Kerkaz, la grande zaouïa qui se cache derrière des collines noires, basaltiques, dont Nicole garde un cuisant souvenir (couscous avec marga hyperpimentée sur lequel elle s'était jetée sans défiance, parce qu'il était 14 heures et qu'elle avait grand faim!).(11)
En novembre 1983 un hommage solennel est rendu au Dr Antoine, hommage au cours duquel elle reçoit la médaille d'honneur de la ville d'Aix en Provence. Ce sera pour elle l'occasion de parler une dernière fois, en public, de ses missions sahariennes; elle ne le fera pas sans une profonde nostalgie : " Aujourd'hui, déracinée,.veillie, malade et infirme, je ne veux pas admettre qu'il ne reste plus rien de tant de travail,.de projets, de fatigues et souvent de crainte. A elle seule l'évocation de ces merveilleux souvenirs est un trésor inestimable. Grâce soit rendue à tous ceux qui me donnent l'occasion de revivre ces heures illuminées, dans l'ombre anxieuse de ma vie finissante. "
Mais sa santé s'altère chaque jour davantage. En décembre 1984 elle est hospitalisée et ne quittera la clinique que pour être admise, la 1er février 1985, à la maison de retraite Paul Cézane. Soeur Meriem nous a dit comment elle avait franchi animée d'une foi profonde, cette ultime étape de sa longue vie Elle s'est éteinte le 21 mars 1988, dans sa .93ème année.

Son vieil ami, le Dr Gaston Guigon, son ancien camarade d'internat, a consacré tout un chapitre de son livre " Toubib du Bled "(12) à la Mission ophtalmologique saharienne. Après plusieurs pages où il retrace l'oeuvre accomplie par Renée Antoine, en plus.de quarante tournées au désert, il raconte la visite qu'il lui a rendue " par un beau dimanche d'automne " quelques années après son installation à Aix en Provence.
Elle venait d'obtenir, après bien des démarches administratives, la possibilité de se constituer une modeste retraite. " Elle se déclare sauvée du désastre " - écrit Gaston Guigon - " Nous avons pieusement évoqué les heures chaudes et les espaces immenses de son désert ... Elle relit, à travers les larmes, les lettres de félicitations, les messages de gratitude émouvante ou les compliments officiels dont les textes claquaient comme des citations à l'ordre des troupes sahariennes ... "
Et Gaston Guigon conclut: " Alors, en traversant les rue de la vieille cité, je pensais qu'en d'autres temps, le Roi de France dotait d'un apanage ses grande serviteurs et leur assurait gîte et honnête pension pour garantir leur paisible vieillesse. Aujourd'hui les tyrans sont descendus au cercueil et nul ne doute plus que " c'est beau, c'est grand, c'est généreux la France! "

 

Raymond Féry

(1) Gaston Guigon - ".Toubibs du bled" Salon de Provence 1967.
(2) Lettre du 9 juillet 1978 à Mlle Louise Yjiniggio, née Guilbaud.
(3) Compte rendu de la 16-ème mission ophtalmologique saharienne, avril 1 953 (inédit).
(4) Renée Antoine - "Bilan de la mission ophtalmologique saharienne - 15 ans d'assistances ophtalmologique itinérante - Bulletin de liaison saharienne, no 33, mars 1959.
(5) Marc Baroli -"La vie quotidienne des Français en Algérie - 1830-1914" - Hachette édit.,Paris, 1967.
(6) Yvonne Pagniez - "Françaises du désert''- Diffusion Africa-Ouest, 1er trimestre 1983, pages 42-43, 116 et 117.
(7) Charles de Foucauld lettre du 14 août 1901 à Henry de Castries.
(8) Marc Baroli - op. cit. page 213.
(9) Gaston Guigon op. cit.,p.152.
(10) Marguerite Castillon du Perron -"Charles de Foucauld" Paris 1982.
(11) Il s'agit de la fidèle colaboratrice Nicole Bazenet.
(12) Gaston Guigon - op. cit. p.43 sqq.

In l'Algérianiste n° 46 de juin 1989

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