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Henry FOLEY (1871-1956)

Écrit par Paul DOURY. Associe a la categorie Personnages scientifiques

En 1972, le médecin-général A. Camelin, dans un article consacré au service de santé militaire en Algérie écrit: "... Puisqu'on ne peut citer tous les noms de ceux qui auraient dû trouver place dans ces pages de l'histoire du service de santé en Algérie, il en est un cependant qui doit être retenu, celui d'Henry Foley, dont la carrière algérienne, commencée sous l'uniforme en 1903, ne devait se terminer qu'à sa mort en 1956. Un demi-siècle d'enthousiasme, de dévouement, de recherches et d'enseignement, passé d'abord dans le service de santé, puis à l'institut Pasteur d'Alger, a permis à Foley d'être le plus complet des médecins sahariens, le plus érudit des naturalistes et des historiens, le plus écouté et le plus admiré de ceux qu'il a enseignés et qui conservent son souvenir".

0n ne saurait mieux résumer la vie d'Henry Foley et mieux mettre l'accent sur la marque qu'il a imprimée sur ses nombreux élèves. Et pourtant Henry Foley est curieusement resté presque inconnu des médecins en général et des médecins militaires en particulier, en dehors de ses élèves.

L'explication de cette méconnaissance réside probablement dans le fait que les traits les plus marquants de sa personnalité étaient son extrême modestie, son désintéressement qui contrastaient avec la véritable passion qu'il avait voué dès sa jeunesse à la science.

L'enfance, l'adolescence

Henry Foley est né le 11 avril 1871 dans le charmant village de Vignory dans la Haute-Marne, non loin de Colombey-les-deux-Eglises. Il était d'une famille de cultivateurs relativement aisés du petit village de Citers, dans le canton de Luxeuil-les-Bains en Haute-Saône. Son père, huissier de justice, s'installe à Vignory en 1869. Henry Foley, tout comme son frère Georges de deux ans son cadet, fait de très brillantes études, d'abord à Vignory, puis au lycée de Chaumont. Son baccalauréat de philosophie et celui de mathématiques en poche, passionné depuis sa plus tendre enfance par les sciences de la vie, il s'oriente vers la médecine et se présente au concours de l'École du service de santé militaire de Lyon où il entre le 10 novembre 1892.

 


Le docteur Henri Foley examinant un malade

 

Le 10 décembre 1895, il soutient sa thèse de docteur en médecine intitulée: "Contribution à l'étude de la désinfection des appartements; recherche sur la valeur comparative de quelques agents de désinfection, sublimé, aldéhyde formique, acide chlorhydrique".

Le 18 décembre 1895, le médecin aide-major de deuxième classe Henry Foley rejoint l'École d'application du Val-de-Grâce; lors de ce stage, il ne ménage pas ses critiques à l'enseignement qui y est donné; il fait part de ses critiques à l'un de ses maîtres lyonnais, regrettant notamment de n'avoir pas la possibilité de profiter davantage de la riche bibliothèque du Val-de-Grâce et des magnifiques collections de son musée, en raison des horaires des cours qu'il trouve par ailleurs trop scolaires. Il sort néanmoins du Val de Grâce avec d'excellentes appréciations de ses maîtres.

En octobre 1903, après avoir été médecin de diverses unités de métropole, il obtient une affectation en Algérie, au 2e régiment de zouaves à Oran, d'où il est détaché successivement dans le sud oranais, à l'hôpital d'El Aricha, puis à Berguent au sud d'Oujda puis de nouveau à El Aricha où il va d'emblée se faire remarquer par son ardeur au travail, son désintéressement et son attrait pour la médecine indigène.

En 1906, Lyautey, commandant la subdivision d'Ain Sefra, qui avait été fasciné par la personnalité d'Henry Foley, le fait affecter dans le poste saharien de Beni Ounif, dans une région à peine pacifiée. Dans la lettre lui annonçant son affectation, il lui écrit notamment le 29 septembre 1906: "...Je sais d'avance quelle belle besogne vous allez me faire... "; il ne savait pas si bien dire! C'est en effet dans cette oasis située dans le sud oranais, à la frontière encore incertaine du Maroc, en face de l'oasis de Figuig, que Foley fera l'année suivante la découverte fondamentale qui, à elle seule, devrait lui valoir la reconnaissance de l'humanité.

En effet, à la fin de 1907, ses études cliniques, micro-biologiques, épidémiologiques puis expérimentales d'une importante épidémie de fièvre récurrente, l'amèneront à démontrer, avec Edmond Sergent, que le pou, et lui seul, est l'agent de transmission de cette fièvre récurrente mondiale. Cette découverte conduira ensuite Charles Nicolle, deux ans plus tard, à démontrer à son tour le rôle du pou dans la transmission d'une affection qui sévissait à Tunis et qui a les mêmes caractères épidémiologiques que la fièvre récurrente: le typhus exanthématique.

La note publiée en 1908, en collaboration avec Edmond Sergent dans le bulletin de la Société de pathologie exotique faisait, pour la première fois, entrer le pou dans la pathologie humaine.

Après six ans de séjour en Algérie, Henry Foley fait une demande au ministère de la guerre afin d'y être maintenu et pour y poursuivre les recherches entreprises sur la pathologie humaine et animale de la région. Il n'obtiendra satisfaction que grâce aux multiples interventions de Lyautey, du gouverneur général d'Algérie et du docteur Emile Roux, directeur de l'institut Pasteur à Paris, un de ses anciens de l'école du Val-de-Grâce qui, pour des raisons diverses, tenaient à le conserver à son poste. Promu médecin-major de première classe (correspondant au grade de commandant) en 1911, il est mis en position "hors cadre" sans solde pour servir à Beni Ounif, au laboratoire qu'il avait créé quatre ans plus tôt en apportant son microscope personnel, et qui deviendra le "Laboratoire saharien de l'institut Pasteur d'Algérie". Ainsi va commencer la deuxième carrière d'Henry Foley.

Henry Foley et Edmond Sergent, l'institut Pasteur d'Algérie et l'institut Pasteur de Paris

Dès 1906, Foley avait pris contact avec Edmond Sergent qui se trouvait à Alger, chargé depuis 1900 par EmileRoux d'une mission, devenue permanente, destinée à étudier le paludisme en Algérie. En 1909, cette mission fera place à une filiale de l'institut Pasteur de Paris, qui faisait suite, en réalité, à un premier institut Pasteur d'Alger, crée à l'initiative du docteur Trolard, professeur à la faculté de médecine d'Alger en 1894, avec l'appui de Pasteur. Le nouvel institut Pasteur d'Algérie fut inauguré le 7 mars 1911 sous la présidence de M. Jonnart, gouverneur général de l'Algérie, en présence de M. René Vallery-Radot, gendre de Pasteur. Sa direction fut confiée par Emile Roux, successeur de Pasteur, à Albert Calmette qui conservait la direction de l'institut Pasteur de Lille, avec Edmond Sergent comme sous-directeur, qui ne deviendra directeur que plusieurs années plus tard. Sergent, dès 1906, avait été séduit, comme Lyautey, par la personnalité et les qualités exceptionnelles de Foley. Cette rencontre de 1906 va être le début d'une collaboration, puis d'une amitié qui ne se démentiront pas, durant près de cinquante ans, c'est-à-dire jusqu'à la mort de Foley en 1956.

Dès lors, Henry Foley va avoir une double ambition: - poursuivre ses travaux de recherches à Beni Ounif; - créer un réseau de médecins sahariens, avec les jeunes médecins militaires affectés dans les diverses oasis sahariennes, afin d'entreprendre l'exploitation scientifique du Sahara, non seulement dans le domaine de la pathologie humaine mais aussi dans les divers domaines des sciences du vivant, pour lesquelles depuis son enfance il avait une véritable passion: zoologie, botanique, ethnologie, préhistoire... Il fera ainsi, chaque année, plusieurs missions scientifiques dans les diverses oasis sahariennes; la première de ces missions le conduit en 1908 dans la direction du Touat et du Tidikelt.

Afin de parfaire ses connaissances en microbiologie, il obtient de venir à Paris pour suivre le cours de l'institut Pasteur où il travaille dans le laboratoire du docteur Borrel, de novembre 1910 à mars 1911. C'est l'occasion aussi, pour lui, de nouer, renouer ou resserrer des relations amicales avec les membres de l'institut Pasteur de Paris, chefs de services avec lesquels s'établira ensuite une collaboration très fructueuse.

Foley est de retour à Beni Ounif en mars 1911. Il partage sa vie entre le poste de Beni Ounif et ses laboratoires sahariens, l'institut Pasteur d'Alger et ses missions sahariennes. Il entretient une abondante correspondance avec René Vallery-Radot, gendre de Pasteur, et avec son fils Louis Pasteur-Vallery-Radot qui ont été fascinés, eux aussi, par sa personnalité et par son œuvre scientifique et humanitaire.

Sa correspondance avec Albert Calmette est également importante à partir de 1911. Elle a surtout pour objet l'étude de l'endémie tuberculeuse dans les populations sahariennes et la mise au point d'une technique de vaccination antituberculeuse de masse, seule possible dans ces régions: la vaccination antituberculeuse par le BCG sans réactions tuberculiniques préalables dont il démontre, avec Louis Parrot, la parfaite innocuité.

 


L'infirmerie indigène de Beni Ounif

 

Dans ses nombreuses lettres à Henry Foley, Edmond Sergent, pour sa part, revient très souvent sur la prétention de Charles Nicolle de s'attribuer le mérite de la découverte du pou en épidémiologie. En fait, si les relations entre Edmond Sergent et Charles Nicolle ont toujours été très difficiles, c'est qu'ils avaient l'un et l'autre (mais surtout Charles Nicolle), l'ambition de dominer et d'occuper sans partage la première place en Afrique du Nord! En revanche, Henry Foley n'aura jamais cette ambition; son seul souci restera de poursuivre ses travaux scientifiques, sans chercher à s'attribuer la gloire des résultats de ses travaux et de ses découvertes et encore moins celle des travaux et des découvertes des autres, comme tente de le faire Charles Nicolle. Aussi, ses relations avec Sergent sont-elles restées excellentes sans l'ombre d'un différend; elles sont restées également courtoises avec Charles Nicolle.

Foley et le Maroc

Le 28 avril 1912, Lyautey est nommé résident général de France au Maroc. Il forme immédiatement son équipe et demande à Alexandre Millerand, ministre de la Guerre, avant même de rejoindre son poste à Fès, de lui octroyer quarante médecins de plus que ceux affectés au corps d'occupation.

Or, parmi les médecins qu'il choisit, en leur indiquant ce qu'il attend d'eux et de leur action, il en est un qu'il désire tout particulièrement obtenir, c'est Henry Foley, qu'il invite par télégramme du 22 juin 1912 à venir à Fès pour organiser les services de santé civils et militaires du Maroc dont il a l'ambition de faire un état moderne.

Foley décline cette proposition si flatteuse en raison des travaux scientifiques qu'il désire poursuivre à Beni Ounif et à Alger, montrant par là qu'il n'avait aucun souci de "faire carrière". Lyautey comprend ses raisons et le lui fait savoir; mais il reviendra souvent à la charge sans plus de succès jusqu'en 1925, c'est-à-dire jusqu'à son départ du Maroc!

Foley et Sergent et l'action sanitaire au Maroc

Lyautey avait fini par se faire à l'idée que Foley ne quitterait pas l'Algérie, son institut Pasteur et le Sahara; mais il ne perdait pas l'espoir de faire bénéficier le Maroc de ses compétences et de son bon sens.

Foley finit par accepter de venir pour une courte mission au Maroc; et le 10 mai 1919, il part pour Rabat; il emmène avec lui son directeur Edmond Sergent; ils vont participer tous les deux au Conseil supérieur d'hygiène du Maroc présidé par Lyautey, et surtout ils vont s'attaquer au problème de paludisme qui ravage, notamment la région de Kenitra sur la côte atlantique au nord de Rabat, dont le développement était rendu impossible du fait de l'insalubrité de cette région marécageuse, et dont la gravité du paludisme décimait la population. Sergent et Foley, après une étude épidémiologique rigoureuse, élaborent un plan comportant l'assainissement complet des gîtes à anophèles, et le traitement systématique par la quinine des porteurs de parasites.

Le 5 octobre 1924, Foley et Sergent partent pour une nouvelle mission au Maroc oriental et occidental; ils peuvent constater que Kenitra, débarrassée du paludisme, est devenue un grand port fluvial.

La guerre de 1914-1918

A la déclaration de la guerre en août 1914, le médecin-major de première classe Henry Foley est à l'institut Pasteur. II rallie aussitôt son affectation de mobilisation à l'hôpital du Dey à Alger, où il est nommé chef de laboratoire de microbiologie, puis médecin-chef de l'hôpital, tout en conservant la responsabilité du laboratoire.

Mais il brûle d'aller servir sur le front de France!

Et, alors que Lyautey lui fait, une nouvelle fois, l'offre de venir diriger tous les services de santé militaires et civils au Maroc par lettre du 12 novembre 1915, Foley, une nouvelle fois, décline cette proposition; et cette fois, c'est pour rejoindre le front de France!

De juillet 1916 à janvier 1917, il est médecin du 159e régiment d'infanterie, d'abord dans le secteur de la Meuse, puis ce sera "l'enfer de la Somme" dont il raconte, dans ses carnets, les combats particulièrement sanglants qu'il vit jour et nuit dans son poste de secours, alors que, du fait de sa formation et de ses compétences, on l'aurait `vu davantage dans un laboratoire d'armée!

A partir du 12 janvier 1917, Foley va être chargé de l'organisation de plusieurs hôpitaux d'origine d'étape (HOE), près de la ligne du front.

C'est alors qu'il apprend que le Prix Monthyon de l'Académie des Sciences lui a été attribué pour ses travaux sur la fièvre récurrente mondiale et le typhus exanthématique. Mais à Alger, le départ du docteur Foley avait désorganisé le service de santé des territoires sahariens; aussi, le gouverneur général de l'Algérie et l'institut Pasteur avaient voulu s'opposer à ce départ; ils firent tout pour faire revenir Foley, et le 29 août 1917, le secrétaire d'État au service de santé militaire Justin Godard, fait diriger sur Alger, Henry Foley, nommé directeur du service de santé des territoires du Sud.

Foley et la direction du service de santé des territoires du Sud

Dès son arrivée à Beni Ounif en 1906, Henri Foley réalise que rien de sérieux ne peut être accompli, surtout dans le domaine médical, sans une continuité qui nécessite une stabilité des médecins des postes sahariens. Très vite, il a eu l'ambition de constituer un véritable corps de médecins sahariens ayant la maîtrise de la langue arabe, des notions d'histoire et de géographie sahariennes, de connaissances en bactériologie, en parasitologie, en zoologie, en botanique...

Pour cela, il fallait créer un organisme chargé de la sélection des médecins, de leur formation, puis de l'impulsion à donner à leurs activités, à leurs travaux, afin qu'ils participent avec le maximum d'efficacité non seulement à l'œuvre de santé publique au profit des populations sahariennes sédentaires et nomades, mais aussi à l'exploration scientifique de ces vastes territoires sahariens encore inconnus.

Il avait fini par faire partager ses idées, non seulement à Lyautey, mais aussi au directeur des Territoires du Sud et au gouverneur général d'Algérie.

Il serait trop long et trop fastidieux de raconter en détail les difficultés sans nombre et les véritables traquenards auxquels se heurta Foley de 1917 à décembre 1921, date à laquelle le gouverneur général Steeg prendra la décision de lever tous les obstacles qui empêchaient Foley d'exercer pleinement et avec efficacité ses attributions.

La carrière civile d'Henry Foley à l'institut Pasteur d'Algérie.

C'est au moment du couronnement de ses efforts que le docteur Foley va demander de faire valoir ses droits à la retraite le 26 novembre 1921; il est alors nommé dans la réserve, médecin principal de 2e classe (correspondant au grade médecin lieutenant-colonel). Mais cette retraite sera bien particulière; en effet, assuré d'une stabilité à laquelle il attachait, avec juste raison tant d'importance, il va durant trente-cinq ans, poursuivre à la tête des Laboratoires sahariens de l'institut Pasteur d'Algérie, ses travaux scientifiques à Alger et à Beni Ounif; il va aussi et surtout continuer l'œuvre pédagogique entreprise en formant, jusqu'en 1955, tous les médecins appelés à servir dans les territoires sahariens, grâce au stage à l'institut Pasteur d'Algérie institué dès 1918 à son instigation et rendu officiel et obligatoire le 19 avril 1920. Ce stage fut très vite complété par une formation très pratique accomplie dans le service d'ophtalmologie de l'hôpital Mustapha à Alger, où ces jeunes médecins étaient rompus au traitement d'une pathologie dominante au Sahara, les ophtalmies et plus particulièrement le trachome, avec le traitement chirurgical de l'entropion trachomeux.

La dernière partie de la carrière d'Henry Foley se poursuivra ainsi jusqu'à sa mort qui surviendra durant l'été 1956, le 2 août, à Vignory, où il se reposait, avant son retour à Alger prévu pour octobre!

L'œuvre d'Henry Foley.

Elle est considérable, dominée par la découverte de la transmission par le pou de la fièvre récurrente mondiale, en 1908, avec Edmond Sergent. Il confirme la transmission par le pou du typhus exanthématique et découvre en 1914, la présence, dans le corps de poux nourris sur des typhique, des formes microbiennes reconnues plus tard comme étant les agents responsables de la maladie et appelées, en 1916, par Roch Lima "Rickettsia prowazecki". Parmi les quelques deux cents publications d'Henry Foley, de nombreux sujets sont abordés concernant l'épidémiologie, l'hygiène, la prophylaxie des maladies de l'homme et des animaux, telles que le paludisme, les ophtalmies et notamment le trachome, la trypanosomiase du dromadaire appelée "Debab", qui est le nom arabe du "taon", dont la piqûre est responsable de la maladie... Mais, il est une affection qui a particulièrement retenu son attention, et qui a fait l'objet de près de quarante articles, et d'un important échange de correspondances avec Albert Calmette, c'est l'infection tuberculeuse au Sahara.

Henri Foley, avec la collaboration de Louis Parrot, et avec le concours des médecins militaires des Territoires du Sud, a poursuivi depuis 1910 et jusqu'en 1955 (c'est-à-dire moins d'un an avant sa disparition), l'étude de la fréquence et de la répartition de l'infection tuberculeuse parmi les populations sahariennes, suivant la méthode des cuti-réactions à la tuberculine de Von Pirquet, technique uniforme permettant de calculer l'indice tuberculinique total.

Parallèlement à cette étude de l'imprégnation tuberculeuse des populations sahariennes, et à la suite de la découverte par Calmette et Guérin de la vaccination contre la tuberculose, Foley, avec la collaboration de Parrot, fit de la petite oasis de Beni Ounif de Figuig, à partir de 1928, un centre d'études de la vaccination antituberculeuse en milieu rural algérien.

foley3 portraitCes études ont conduit à la mise au point, avec l'accord de Calmette, d'une méthode originale de prémunition très simple (aussi simple que la vaccination anti-variolique, et tout aussi inoffensive), adaptée aux populations sahariennes qu'il est difficile de convoquer plusieurs fois: la vaccination antituberculeuse par scarifications cutanées, sans cuti-tuberculinations préalables.

Cette méthode appelée par Sergent, méthode Foley-Parrot fut totalement approuvée par Calmette. Elle a été étendue à tout le Sahara et à l'étranger, notamment au Brésil, sous l'appellation de "Calmettisation indiscriminée".

Parmi les nombreux autres travaux d'Henry Foley, il faut citer ceux consacrés à la faune et à la flore sahariennes, et même des études ethnologiques et préhistoriques, avec notamment la découverte et l'étude d'une station de gravures rupestres à Beni Ounif.

Henry Foley est apparu, à tous ceux qui l'ont connu, comme un homme élégant, charmeur, strict, rigoureux, consciencieux, travailleur mais aussi modeste et désintéressé. Il était surtout véritablement passionné pour les sciences du vivant et pour la "connaissance" en général, mais pas pour les "hochets" après lesquels courent tant d'hommes, parfois de grande qualité, mais qui ont la faiblesse d'accorder une valeur exagérée à leurs propres mérites, à leurs œuvres, ce qui les conduit à consacrer une part importante de leur existence et de leurs efforts à chercher la consécration, à courir après les "honneurs". Henry Foley ne sera promu commandeur de la Légion d'honneur qu'en 1955, il avait 84 ans!

Conclusion

Edmond Sergent, dans sa préface de la monographie de J. Bouchat, sur Beni Ounif, parue en 1956 écrit: "Beni Ounif - Docteur Foley... deux noms indissolublement liés dans l'esprit de ceux qui ont vu s'épanouir l'oeuvre magnifique accomplie depuis un demi-siècle dans les confins sud-algéro-marocains par officiers et médecins, sous l'impulsion enthousiaste du général Lyautey, commandant la subdivision d'Aïn-Seffra... Beni Ounif ne fut pas seulement, grâce à Foley, un modèle de l'œuvre médicale française au Sahara; cette petite oasis fut aussi le lieu où s'accomplirent des recherches scientifiques de premier ordre, d'intérêt mondial: d'abord en 1907-1908, fut réalisée dans cette infirmerie indigène, la découverte du rôle des poux dans la transmission de la fièvre récurrente mondiale. Cette découverte, qui faisait entrer pour la première fois, le pou dans la pathologie humaine, conduisit d'autres savants français à la démonstration du rôle des poux dans la transmission du typhus exanthématique... Ainsi, grâce à Foley, l'oasis de Beni Ounif offre le double témoignage d'un exemple réussi de l'œuvre médicale française au Sahara et de très beaux succès à l'actif de l'exploration scientifique de l'Algérie, commencée si brillamment par les officiers et les médecins de l'Armée d'Afrique sous Louis-Philippe".

PAUL DOURY

Références bibliographiques:

- P Doury: "Henry Foley, apôtre du Sahara et de la Médecine". Préfaces de Jean Bernard et de Théodore Monod. 1 volume. Editions Curutchet - 64600 Helette.
- A. Camelin: "Le service de santé en Algérie". In: "Revue historique de l'Armée". 1972, 28: 46-63.
J. Bouchat: Beni Ounif (sud oranais). Étude géographique, historique et médicale. "Archives de l'institut Pasteur d'Algérie". 1956, 34:575-576.

* Nous remercions bien vivement les responsables du bulletin de l'Association des anciens élèves de l'institut Pasteur qui, avec l'auteur et les éditions Curutchet, nous ont autorisés à reproduire cet article et ses illustrations.

In l'Algérianiste n° 85 de mars 1989

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