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Georges MARCAIS (1876-1962)

Écrit par Charles Griessinger. Associe a la categorie Personnages scientifiques

 Georges Marçais Docteur-es-lettres, membre de l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres, professeur d'archéologie musulmane à la Faculté des Lettres d'Alger, Directeur de l'Institut d'Études Orientales d'Alger, Directeur du Musée des Antiquités Algériennes et d'Art Musulman (musée Stéphane Gsell, au parc de Galland à Alger), sont parmi beaucoup d'autres, les titres du savant dont l'Algérie Française s'honore.

Né à Rennes, le 12 mars 1876, breton de souche, ancien élève des Beaux Arts de Paris, Docteur-es-lettres, toute sa carrière se déroula en terre algérienne.

Alors que son tempérament le portait vers les arts, la peinture notamment, le voyage qu'il fit à Tlemcen en 1901, où il rejoignit son frère William, directeur de la Médersa, décida de son avenir. La richesse archéologique de cette cité, capitale au XlIème siècle du Sultanat des Abd-el-Ouadites, l'enthousiasma... L'étude approfondie qu'il en fit se traduisit en un volume d'histoire et d'archéologie, rédigé en collaboration avec son frère William, " Monuments arabes de Tlemcen ", publié en 1903.

Cependant, conscient de ce que sa passion pour l'archéologie concernant les civilisations maghrébines ne pouvait procéder que d'une parfaite discipline historique, il apprend l'arabe, afin d'étudier dans les textes le développement des civilisations passées.

Cette recherche historique se concrétise par la publication de deux volumes, " Les Arabes en Berbérie du XI° au XIV° siècle " en 1913 et " La Berbérie musulmane et l'Orient au moyen âge " en 1946. Il s'agit là de l'oeuvre magistrale d'un historien se voulant en même temps archéologue.

Professeur de lettres à la Médersa de Constantine, puis au lycée de cette ville de 1914 à 1918, il est ensuite nommé, en 1919, professeur d'archéologie musulmane à la Faculté des Lettres d'Alger, chaire créée à son intention.

Menant de pair l'enseignement et la recherche, faisant profiter les étudiants de ses découvertes, il rédige le remarquable " Manuel d'Archéologie musulmane ".

A la demande de l'éditeur Picard, désireux de compléter sa collection des Manuels d'archéologie et d'histoire de l'art, il passe de nombreuses années à voyager à travers l'Afrique du Nord, l'Espagne, la Sicile.

Le résultat de ses recherches s'exprime en 1926-1927 par la publication de deux volumes sur l'art musulman de la Méditerranée occidentale, dans lesquels son talent de dessinateur s'exprime à la perfection.

Le premier volume embrasse la période allant du IX° au XII° siècle. Le second, celle du XIII° au XIX°.

Cet ensemble, plein d'idées neuves et de faits peu connus, fut remis à jour en 1954 et publié sous le titre " L'Architecture musulmane d'Occident ".

Dans ce volume, tout ce qui concerne le Maghreb, aussi bien que la Sicile musulmane ou l'art de Cordoue et l'art mudejar de Tolède et Grenade est d'un extraordinaire intérêt. Historien de l'Occident musulman, il a mis à sa place l'art de l'Islam, comme le fit ensuite dans " L'histoire générale " de Glotz, pour laquelle il écrit le tome consacré au monde oriental de 395 à 1081.

Directeur du musée Stéphane Gsell, il sut y évoquer, par l'abondance des objets d'art décoratif, la beauté des tissus, des tapis, des lampes de mosquée... etc, la civilisation à laquelle il a consacré la plus grande partie de sa vie.

Son œuvre ne se limite pas aux ouvrages précédemment cités, auxquels s'ajoute " L'Afrique du Nord française dans l'histoire ", en collaboration avec E. Albertini et G. Yver, parue en 1937, car plus d'une centaine d'articles vient compléter ces traités magistraux.

Retenons, dans l'impossibilité de tous les citer, ceux relatifs à l'Algérie : L'Algérie musulmane, Atlas historique, géographique et économique 1934 - Tlemcen citta réale 1934 - Alger barbaresque 1937, L'Art musulman en Algérie 1931, Les broderies turques d'Alger 1937 - Le costume musulman d'Alger 1930 - Notice sur deux vases kabyles trouvés à Constantine 1914 - La faillite de la Guerre Sainte en Algérie 1915, Notice sur un coffre kabyle 1927, sans oublier l'ouvrage en collaboration avec Mohamed Racim " La Vie musulmane d'hier " publié par Arts et Métiers graphiques Paris 1960, ainsi que l'article consacré à Mohamed Racim dans la Gazette des Beaux Arts 1939.

Bien qu'il en connût hélas les prémices, le destin épargna à Georges Marçais, décédé près de Paris le 20 mai 1962, le drame de l'exil.

Retenons qu'en exhumant de l'histoire ce qui fit la grandeur des civilisations musulmanes des siècles passés, il a doté les populations actuelles du Maghreb d'un patrimoine artistique, historique et archéologique, dont il faut espérer qu'elles sauront conserver le souvenir de celui qui le leur a rappelé.

Charles Griessinger

In l'Algérianiste n° 54 de juin 1991

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