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Xavier Antoine COPPOLANI

Écrit par Edgar SCOTTI. Associe a la categorie Autres personnages remarquables

Dominique Coppolani
gieuses dans les populations Arabo-Berbères

Xavier Antoine Coppolani

(d’après un dessin de F.M.de Buzon)

<small>gieuses dans les populations Arabo-Berbères</small>

 

 

Un Corse
d'Algérie chez les
hommes bleus


En 1869, Dominique Coppolani quitte la Corse et arrive a Sidi-Mérouan avec sa femme et leurs cinq enfants dont l'aîné, Xavier-Antoine, est né le 1er février 1866 à Marignana, près d'Eviza à 75 kilomètres d'Ajaccio. A l'école primaire communale de Sidi-Mérouan, avec ses camarades, lointains descendants des exilés d'Itylo (1), Xavier Coppolani s'imprègne de culture gréco-byzantine, avant de terminer ses études à l'Ecole normale de Constantine. à sa sortie, il occupe jusqu'à son service militaire, un modeste poste à la préfecture de Constantine. De retour à la vie civile, il est nommé officier d'administration du cadre auxiliaire. Le 1er avril 1889, il occupe les fonctions de secrétaire à la commune mixte de l'oued Cherf à Aïn-Amara, un village proche de Clauzel qui, vingt ans plus tôt, en novembre 1869, accueillait des immigrants irlandais débarqués du vapeur britannique "Palestine".


C'est à Aïn-Amara que Xavier Coppolani découvrit l'important rôle que jouaient les confréries religieuses dans les populations arabo-berbères. Esprit curieux, animé d'une ferme volonté de servir, il acquit par la suite une connaissance approfondie de la langue et de la littérature arabes ainsi que du droit musulman.

Un Corse d'Algérie chez les hommes bleus : Xavier Coppolani, le pacificateur

C'est le titre d'un ouvrage publié en 1939 par Robert Arnaud, plus connu sous le nom de Robert Randau, un des fondateurs de l'école littéraire algérianiste.

En décembre 1895, alors qu'il était fonctionnaire du Gouvernement général de l'Algérie, il était adjoint a M. Octave Depont, administrateur de commune mixte, avec lequel il publiait en 1897, un ouvrage sur "Les confréries religieuses".

C'est au cours de cette même année 1897, alors qu'il envisage de compléter son étude par des investigations dans les régions du Soudan et de la Mauritanie, qu'il fait la connaissance de Robert Arnaud, sous-chef de bureau au Gouvernement général et demeurant 2 rue d'El-Biar à Mustapha.

Après de difficiles démarches, fertiles en espoirs souvent déçus, en 1897-1899, Xavier Coppolani capte la confiance du président du Conseil Pierre Waldeck-Rousseau (1846-1904) ainsi que celle du colonel, futur général de Trentinian, alors lieutenant-gouverneur du Soudan français et du gouverneur général Roume. Le lieutenant-gouverneur du Soudan était désireux de connaître les ressources économiques de sa colonie pacifiée, mais jadis ravagée par des "almamis", sanguinaires chasseurs d'esclaves. Il s'agissait aussi de mettre un terme à l'agitation des Maures sur la rive droite du Sénégal. D'où une première mission. En 1902, le président du Conseil Waldeck-Rousseau et le gouverneur général Roume, chargeaient Xavier Coppolani et Robert Arnaud d'organiser une deuxième reconnaissance pacifique pour parcourir le Tagant et l'Adrar. Ils se proposaient d'agir par la persuasion en se liant avec des marabouts et notamment avec le cheik Sidia. D'une haute stature, Xavier Coppolani séduisait les nomades par sa bonté, sa patience sans limite pour écouter, sa finesse et sa courtoisie.

En 1903, Xavier Coppolani parcourt le Tagant, entre à Tidjikja. Il pacifie le pays avec de très faibles moyens militaires. C'est lui qui le premier signala l'importance de l'Adrar comme centre de ravitaillement et d'influence, considérant que : "Celui qui tiendrait les palmeraies, tiendrait le Sahara".

gieuses dans les populations Arabo-Berbères



« Le forgeron attaché à la mission établissait un cercueil formé de planchettes de caisses de vin ou de farine, clouées sur une armature de troncs de palmier mâle. Le drapeau tricolore fut cloué sue le couvercle. lorsque l'on descendit l'informe et lourde bière dans la fosse creusée au milieu du camp on vit des chefs maures fondre en larmes. Ce fut l'un des moments les plus cruels de ma vie... »

Robert Randau

 

Le tombeau de Coppolani à Tidjikja au lendemain de l'inhumation.

 

Coppolani2 frogeron attache

La fin de Xavier Antoine Coppolani et de sa mission


Au début de 1905, Coppolani et Arnaud empruntent une nouvelle route à travers le désert en suivant l'oued Gogol... À la suite de négligences dans le ravitaillement, la mission manqua de vivres et dû séjourner plus que de raisons à Tidjikja.

Des émissaires à la solde de l'Allemagne excitèrent l'animosité du puissant thaumaturge Mâ-el-Aïninn qui parvient à faire assassiner Xavier Coppolani. Il meurt dans les bras de Robert Arnaud, le soir du 12 mai 1905, après sa ronde autour du camp.

Plus tard, sa veuve fit construire un mausolée sous les palmiers avec ses mots qui résumaient toute sa vie : "Ci-gît, Xavier Coppolani, l'ami des Musulmans ".

La capitale de la province de Tagant portait le nom de : "Fort Coppolani". Basant toutes ses actions sur le dialogue et la confiance, Xavier Coppolani a ouvert pacifiquement à la France les routes de pénétration du Sahara occidental et de la Mauritanie. C'est sous le nom d'Andréotti que Robert Randau évoque dans ses romans la mémoire de Xavier Coppolani, à qui il rend hommage en lui dédicaçant son recueil de poèmes intitulé "Autour des feux dans la brousse". "À Xavier Coppolani, l'ami dont le dévouement fraternel me sauva la vie sur le Niger en 1899. Affectueusement ce livre" Robert Randau. "Autour des feux dans la brousse", Jourdan éditeur, Alger 1900.

Décédé à l'âge de trente-neuf ans, la vie et l'œuvre de Xavier Coppolani au Sahara occidental le rapprochent étrangement d'Henri Duveyrier qui accomplit au Sahara oriental et dans le nord du Hoggar, une œuvre similaire auprès des populations autochtones de cette région granitique. Inspiré par les mêmes préoccupations, Henri Duveyrier avait rédigé une étude sur : "Les Confréries religieuses et leur Khouan (fidèles)" .

Ils rencontrèrent tous les deux les mêmes obstacles et les mêmes pièges. Enfin, ultime coïncidence, la rue d'Alger qui portait le nom de Xavier Coppolani, commençait rue Valentin et finissait rue Daguerre, tout comme la rue Henri Duveyrier(2), qui commençait au n° 12 de la rue Poiret pour finir elle aussi rue Daguerre au n° 52.



Edgar Scotti

(1) Références et bibliographie : voir "L'Algérianiste" N° 88 de décembre 1999 : « Les uniates du Pélopponèse ».

(2) Henri Duveyrier in "L'Algérianiste" n° 85 de mars 1999.

In l’Algérianiste n° 89 de mars 2000

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